On ne peut qu’être impressionné par la recherche titanesque entreprise par l’auteur, Ian Gibson, pour faire surgir au grand jour les élans de passion qu’entretinrent Dali et Lorca. En effet, la moindre lettre, le plus petit artefact permirent à l’auteur de reconstituer la nature exacte de cette relation.
Dès que les yeux du poète espagnol Federico Garcia Lorca se posèrent sur Salvator Dali, il occupa ses pensées comme en témoigne ses multiples œuvres poétiques portant spécifiquement sur le peintre. Le sentiment n’était pas unidirectionnel comme en témoigne la place qu’occupa Lorca, non seulement dans la vie, mais également dans plusieurs des peintures de Dali.
Le peintre ne fut toutefois jamais prêt à remettre en question sa conception de la masculinité. Endosser le manteau de l’excentricité était une chose qu’il pouvait accomplir les yeux fermés, mais faire face à ses pulsions homosexuelles s’avéra, plus souvent qu’autrement, au-dessus de ses forces.
Il ne subsiste donc que fort peu de témoignages sur la nature équivoque de la relation des deux artistes, et on doit souligner la ténacité dont fit preuve l’auteur à cet égard puisqu’il a su monter un dossier des plus étoffés sur la question. L’ouvrage intéressera cependant sans doute plus ceux et celles qui sont déjà familiers avec l’œuvre et la vie de l’un des deux hommes.
En effet, le propos de l’ouvrage est on ne peut plus pointu et, lorsque la lecture en est terminée, le lecteur possède bien évidemment moult informations sur la relation entre les deux hommes mais sans plus.
On soulignera, avec raison, que c’est déjà beaucoup, mais pour être réellement en mesure de porter un intérêt à une analyse poussée d’un détail d’un tableau ou d’un poème, il faut fort probablement avoir, dès le départ, une base biographique plus importante que ce qui nous est offert dans le bouquin.
Une œuvre remarquable donc, mais pour lecteur averti avant tout.
Lorca-Dali : Un amour impossible / Ian Gibson. Montréal : Stanké, 2001. 466p. (L’Heure de la sortie)