Jeudi, 28 mars 2024
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    « Warhol » de Michel Nurdisany

    On n’a plus à présenter Andy Warhol, de son vrai nom Andrew Warhola, peintre et cinéaste né en 1928 et mort en 1987. Michel Nuridsany, critique d’art français, vient d’écrire une des toutes premières biographies sur cette vedette du pop art et star médiatique, identifiée à sa perruque blond platine ou gris acrylique (elle changera de couleur au fur et à mesure que Warhol vieillira). 

    Cet immense et brillant artiste incarnera, à partir des années 60, la culture « underground » avec tout ce que ce mot inspire : sexe, drogue et alcool. Une des surprises du lecteur de cette biographie, qui ne verse pas dans l’anecdote scandaleuse (Nuridsany écrit même que les anecdotes sur cet artiste sont le plus souvent ambiguës), sera d’apprendre que, fort probablement, ou du moins d’après ceux et celles qui l’ont fréquenté, Warhol n’aurait jamais fait l’amour.

    Il était du type voyeur. Il sera toutefois un fervent amateur de cognac et de vodka (il boit sec), et il se bourra de médicaments (surtout après l’attentat contre sa personne perpétré par Valerie Solanas en 1963), mais ne touchera pas à la drogue en tant que telle. L’autre surprise sera de découvrir, si on n’a pas lu son Journal, que l’artiste allait à la messe presque tous les dimanches matins. Il était catholique par ses parents, qui étaient Tchèques d’origine, et il l’est resté toute sa vie.

    Pour la majorité des gens qui connaissent un tant soit peu Warhol (qui ne connaît pas ses Campbell’s Soup Cans?), il est un homme à scandales. Ainsi, on l’a vite qualifié de pervers, lui et tous ceux et celles qui fréquentaient la Factory, ce local industriel désaffecté dans lequel il installait, en 1963, son atelier et ses assistants, généralement gais, et où il peindra et tournera ses films.

    Une chose est certaine, cependant : il a été au centre de la révolution des mœurs (sexe et drogue) qui déferla sur l’Amérique si puritaine des années 60. Une révolution qui sera pendant un certain temps l’état de grâce de ce pays, déclenchée par les mouvements d’avant-garde en peinture, en cinéma, en littérature et en théâtre, qui proliféraient à cette époque (qu’on pense aux beatniks, par exemple).

    Il s’agissait d’une avant-garde aussi rigolarde que jubilatoire, dont Warhol incarnait l’esprit autant que la lettre. Il avait le génie de la mode, du design et de la publicité, qui allaient donner tout l’éclat à ce qu’il produisait, mais en semant aussi la confusion sur lui. Les gais, en général, s’identifieront à ce porte-parole de la libération : Warhol représentant pour eux le summum du dandysme, de la sexualité débridée (débauche et déperdition) et du « tout-est-permis ».

    Et cet artiste qui allait partout, dans les bars et les vernissages, entouré d’un harem de beaux garçons et de filles androgynes, avait de quoi faire rêver! Et puis, il y a le New-York de l’époque, cette ville mythique, cité de la décadence, presque de science-fiction, où on pouvait tout découvrir et tout essayer, où Warhol a vécu à partir de l’âge de vingt ans (il est né à Pittsburgh).

    En fin de compte, il faisait entièrement et complètement partie du star-system américain. N’écrivait-il pas : « J’ai commencé comme artiste commercial, et je veux terminer comme artiste d’affaires. »

    La biographie de Michel Nuridsany propose un regard croisé entre la vie de Warhol et sa production artistique en tant que peintre, cinéaste, photographe, romancier, dramaturge, directeur de magazine (le fameux Interview) et acteur.

    Elle intéressera en premier lieu les artistes et les jeunes créateurs, les spécialistes et les amateurs d’art. Mais pourquoi pas les autres, ceux et celles qui ont toujours été fascinés, même de loin, par cet emblème du XXe siècle?

    Warhol / Michel Nurdisany. Paris : Flammarion, 2001. 490p. (coll. Grandes bibliographies)

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