Vendredi, 28 mars 2025
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    Pour des campagnes de prévention du VIH/sida mieux adaptées

    Pendant la plus grande partie de l’histoire de l’épidémie du VIH, l’occurrence de la séropositivité ou des symptômes du sida était associée à une condamnation à mort à plus ou moins brève échéance. Depuis 1996, cette donne s’est modifiée significativement avec les avancées pharmacologiques liées aux nouvelles thérapies des traitements antirétroviraux. 

    La disponibilité de ces nouveaux traitements a entraîné des répercussions au plan des représentations de l’épidémie, tant dans le domaine médical que dans les médias. Depuis quelques années, on assiste à une forme de «normalisation paradoxale» du VIH/sida, qui s’est mis à perdre son statut de «maladie mortelle» pour être davantage comparé à une «maladie chronique» telle que le diabète.


    Plusieurs des campagnes de marketing social destinées à la communauté gaie – des initiatives de la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-Sida) et du ministère de la Santé et des Services sociaux – ont été critiquées parce qu’elles faisaient référence à des symboliques relatives à la mort. Souvenez-vous du couple menacé par une fenêtre guillotine ou des amants dans une tombe… Actuellement, de 10 à 15% des hommes gais et bisexuels à Montréal vivent avec le VIH/sida. Il nous faut donc poursuivre les actions préventives et trouver des moyens de réajuster les campagnes de marketing social en fonction des nouvelles réalités vécues par la population gaie et bisexuelle.


    Lyse Pinault, directrice générale de la COCQ-Sida, et Robert Rousseau, directeur général de Séro Zéro, réfléchissent ensemble sur les enjeux relatifs à la prévention du VIH/sida dans les campagnes de marketing social. Une réflexion qu’ils souhaitent vivement partager avec vous pour susciter vos commentaires :

    Robert Rousseau Les messages préventifs du type «tu baises, tu meurs» ne parlent plus à la population gaie et bisexuelle parce qu’ils ne correspondent plus à leurs réalités. De plus, il est important d’élaborer des campagnes de marketing social qui n’aient pas comme effet pervers de créer un clivage entre les hommes séronégatifs et les séropositifs dont l’espérance de vie est désormais plus longue. Il en va de la crédibilité même de ces campagnes.

    Lyse Pinault Effectivement, mais dans ce contexte, de quelle manièrepeut-on inciter les hommes gais et bisexuels à une vigilance plus soutenue vis-à-vis le VIH/sida ? Le quotidien d’une personne qui vit avec le VIH/sida est loin d’être évident… On parle moins de mort physique, quoique l’on meurt encore du sida, mais on évoque souvent ces «petites morts» : le renoncement à une vie pleinement active, la crainte du rejet et les impacts des traitements sur la qualité de vie.

    Robert Rousseau Je crois qu’il faut que la prévention se fasse de manière globale et qu’elle soit axée sur le mieux-être des hommes gais et bisexuels. Il faut donc éviter le piège des campagnes fatalistes et s’inspirer d’autres campagnes qui portent davantage sur le plaisir et une sexualité épanouissante et sécuritaire. Pensons à la campagne beaucoup plus ludique diffusée cet été lors des Outgames… Ce type de messages semble être mieux reçu.

    Lyse Pinault Je suis d’accord. La sexualité fait partie de la vie! Des messages moins culpabilisants, mais tout aussi efficaces en termes de prévention seraient souhaités. Mais faute de moyens et de concertation entre toutes les instances concernées, les campagnes s’adressent à tous les hommes gais et bisexuels sans distinction, avec un risque élevé de heurter les sensibilités. On revient à ce que l’on disait tantôt: comment faire en sorte de tenir compte de ces réalités dans les campagnes préventives destinées aux hommes gais et bisexuels?

    Robert Rousseau Il serait tout à fait profitable que les hommes gais et bisexuels nous livrent leur perception des dernières campagnes de marketing social en lien avec la prévention, mais qu’ils nous fassent aussi part de leurs visions et de leurs idées.

    Lyse Pinault Quels types de messages souhaitent-ils? Lesquels seraient les plus porteurs? Comment articuler le discours préventif?

    L’appel est lancé! Pour poursuivre cette discussion, vous êtes invités à faire part de vos commentaires et de vos suggestions par le biais de deux courriels : [email protected] et [email protected]. Tous vos messages seront compilés et analysés afin que les résultats de cette enquête puissent vous être communiqués ultérieurement. Merci du temps que vous consacrerez au mieux-être de votre communauté !

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