À quelques jours d’intervalle, en décembre dernier, on apprenait avec surprise que les régimes d’assurance-maladie de l’Alberta et du Québec considéraient encore les gais et lesbiennes comme atteints d’une pathologie, et que cinq victimes des 37 meurtres recensés à Montréal en 2010 étaient des hommes gais dont la majorité d’entre eux avaient péri de la main de leur conjoint…
Les régimes d’assurance-maladie du Québec et de l’Alberta considéraient, jusqu’à la fin décembre, les gais et lesbiennes comme atteints d’une pathologie. Du moins, les sites Internet de ces organismes gouvernementaux proposaient une classification (datant d’avant 1992, alors que ces sites web sont plus récents) qui considère l’homosexualité comme un trouble psychiatrique. Qu’on se rassure, il ne s’agit pas d’un retour en arrière, mais plutôt d’un inexplicable anachronisme auquel ces deux gouvernements ont mis fin au retour des Fêtes. Il semble que les autorités aient simplement négligé de mettre à jour la classification des maladies établie par l’OMS en… 1975.
Aussi gênante que puisse être cette bourde administrative, il n’y avait pas là matière à crier au meurtre. En effet, au Québec, aucun médecin n’aurait utilisé ce type de diagnostic depuis plus de 15 ans. Là où il y avait matière à tirer l’alarme, c’est en faisant le bilan de l’année. Comme le faisait remarquer un journaliste de Rue Frontenac, sur 37 meurtres recensés sur le territoire du SPVM au cours de la dernière année, cinq ont impliqué directement des hommes gais, dont quatre hommes ayant été assassinés par leur amoureux.
Au-delà des raisons individuelles — jalousie, cupidité, instabilité ou autre — il y a là matière à se poser des questions quant aux ressources en place pour prévenir la violence dans les couples de même sexe, d’autant plus que la violence conjugale est considérée par bien des chercheurs comme le troisième problème de santé le plus important chez les gais après le VIH/SIDA et la toxicomanie.
Il est rare qu’on ait une mesure aussi claire de l’ampleur de la violence dont sont victimes certains gais dans leurs relations intimes, principalement parce que les signalements de cette violence semblent peu nombreux, comme c’est le cas pour d’autres formes de violence dans les relations intimes, alors que ce problème concernerait environ un couple sur cinq. Les gais sont aussi peu enclins à dénoncer leur agresseur en raison de la discrimination dont ils se sentent encore l’objet, de la part de la population et des institutions.
Pourtant, les victimes peuvent faire appel à un service de santé, à un organisme de services sociaux, à un corps de police, à l’aide juridique ou à un avocat de pratique privée, à un centre d’assistance psychologique ou à d’autres organismes communautaires qui fournissent des services de consultation sur des problèmes interpersonnels. Bon nombre de ces organismes et services disposent de numéros de téléphone d’urgence qui figurent à la première page ou au début des annuaires locaux.
Si vous êtes vous-même victime d’abus ou de violence conjugale n’hésitez pas à faire appel à ces organismes et services; vous pouvez évidemment vous faire accompagner par un ami ou un parent lors des rendez-vous.