Samedi, 15 mars 2025
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    Politique et homophobie

    «Nous ne pouvons pas tolérer une telle insulte envers Gandhi», a récemment dit le Ministre président de l’État Gujarat, alors que la Ministre indienne de la Justice a parlé, quant à elle, d’interdire la récente biographie sur le Mahatma Gandhi, une bio dont on ne sait même pas si la distribution était envisagée en Inde…

    Le livre, de l’ancien rédacteur en chef du New York Times, Joseph Lelyveld, est assez critique sur les «compétences politiques» du père de la nation indienne. Mais ce n’est pas ce qui explique le déchaînement de colère qui s’exprime dans la classe politique indienne. Un passage du livre est spécifiquement en cause. Celui qui sous-entend que Gandhi était bisexuel. L’auteur ne donne pas d’étiquette et parle simplement des rapports entre Gandhi et un architecte allemand avec qui il a vécu quelque temps en Afrique du Sud. On comprend que l’attachement des deux hommes était réel, mais de la manière que c’est relaté, cela paraît plutôt anecdotique. Le plus interpellant dans cette histoire, ce sont les réactions en Inde qui en disent long, d’abord sur le culte voué à Gandhi… mais aussi sur la simple mention de l’homosexualité (ou de la bisexualité) possible, qui relève de l’insulte suprême. Il est vrai qu’il y a moins de deux ans, l’homosexualité était toujours considérée en Inde comme un crime, un crime passible de 10 ans de prison. Aujourd’hui légale, l’homosexualité n’y est pas pour autant socialement acceptée. Les discriminations, les brimades, les violences, parfois même au sein des familles, sont toujours légions. On peut regretter tout de même que cette tempête médiatique éclipse les valeurs défendues par Gandhi, comme si dans l’Inde d’aujourd’hui, il ne restait plus qu’un vague souvenir du message porté par le Mahatma. 

    Au Canada, pays des libertés individuelles et des droits, les droits des personnes GLBT se sont fragilisés, sous le gouvernement Harper. Il faut se rappeler que, dès leur entrée au pouvoir, les conservateurs ont remis en question le droit au mariage des couples de même sexe, de manière à satisfaire la base religieuse du parti. Stephen Harper a beau déclarer, début avril, que d’interdire le mariage entre conjoints de même sexe «n’est pas une priorité», il sous-entend tout de même que c’est un objectif à moyen ou long terme (le temps de réunir les conditions gagnantes?). Sans doute pas une priorité pour un gouvernement minoritaire, mais pour un gouvernement détenant une majorité de sièges au Parlement, ça serait sans doute une autre histoire… Car, quand on regarde le bilan de ce gouvernement, il est clair que non seulement il a tout fait pour museler le débat politique, mais il a mis aussi en danger les valeurs d’égalité, de justice sociale et de solidarité. Le gouvernement conservateur a restreint l’immigration des personnes GLBT, a nommé un homophobe notoire à la tête de l’organisme Droits et Démocratie, a voté contre le projet de loi C-386 visant l’inclusion de la notion d’identité de genre comme motif de discrimination dans la Charte canadienne des droits et libertés et, surtout, il a supprimé le financement des organismes et des festivals LGBT alors que ces derniers contribuaient non seulement à la richesse de la diversité canadienne, mais étaient générateurs d’une activité économique et touristique importantes pour les trois principales régions métropolitaines du pays.

    Le 2 mai prochain, il faut donc voter contre les conservateurs. C’est le seul choix qu’on ne peut pas prendre. Ce parti va totalement à l’encontre des valeurs d’une société pluraliste, soit la justice sociale, la défense de la culture et de la langue française, l’égalité entre les hommes et les femmes, le développement d’une économie verte et le respect des droits de la personne.

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