Jeudi, 3 octobre 2024
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    Agir pour changer les choses

    Quelques rares rumeurs et bien peu de confirmations, dans le monde du sport professionnel. Dans l’omerta généralisée qui prévaut, la sortie du placard de David Testo est surprenante, rafraîchissante, et rien de moins qu’inspirante.

    Évidemment, cette sortie a plongé l’ancien joueur de l’Impact dans un tourbillon médiatique aux proportions gigantesques. En novembre dernier, en moins de 24 heures, la nouvelle a fait le tour du monde. Quotidiens, télés, sites web sportifs ou LGTB, blogues de toutes sortes ont relayée la nouvelle et David a reçu des demandes d’entrevues d’un peu partout au Canada, aux États-Unis et en Europe. Des journalistes ont contacté sa mère en Caroline du Nord pour avoir ses réactions. Un véritable tsunami. 

    Plusieurs fois, depuis trois ans, nous avons entendu des commentateurs sportifs, d’ici ou d’ailleurs, prétendre que la sortie du placard d’un athlète n’avait rien avoir avec le sport, que ça pouvait mettre en danger la stabilité du vestiaire ou qu’il n’y avait pas de gais dans les sports professionnels d’équipe. David a prouvé tout faux. 

    Mais comme les préjugés concernant les gais et le sport sont monnaie courante, il ne faut pas s’étonner qu’il ait hésité avant de faire cette révélation. Le sport est l’un des derniers milieux où l’homosexualité reste un tabou, voire un handicap. C’est un milieu compétitif dans lequel la compassion n’est pas une valeur souvent prônée. Et dans l’univers viril des sports d’équipe, ne pas être assez macho peut être perçu comme une faiblesse de caractère. Sur les terrains, il n’est pas rare d’entendre les mots «tapettes» et «fifs» pour déstabiliser un autre joueur ou pour lui signifier que sa performance n’est pas à la hauteur. On comprendra que certains préfèrent se taire quant à leur préférence sexuelle, quitte à ce que le malaise les gruge par en dedans, petit à petit. L’absence de soutien, n’incite pas vraiment les joueurs a se libérer d’un secret, même s’ils aimeraient le faire. 

    David est un professionnel qui a grandement aidé la cause de L’Impact et maintenant, il pourrait faire de grande chose pour la lutte contre l’homophobie dans les sports. Pour d’autres athlètes, mal préparés, cette sortie aurait pu être traumatisante, mais pour David Testo, elle a eu quelque chose de libérateur. Comme vous le découvrirez en lisant l’entrevue qu’il nous a accordée, faire cette sortie l’a grandement soulagé. Il savait qu’il prenait un certain risque, mais un risque calculé. Il était prêt. Et, surtout, il n’aura plus à porter le poids du secret qu’il conservait depuis des années. Son coming out l’a libéré d’un poids énorme, qu’il traînait depuis trop longtemps. Comme il le dit lui-même, il a surtout reçu énormément de mots d’encouragements de gens qu’il ne connait pas, des fans et aussi d’athlètes homosexuels qui ont été touchés par son geste. Toute cette énergie positive lui a fait un bien fou. Le joueur de soccer se sent mieux dans sa peau et, finalement, en paix avec lui-même. 

    Testo ne s’en cache pas, s’il a abordé publiquement son homosexualité, c’est aussi pour encourager les autres athlètes, toujours dans le placard, à faire comme lui. Il se dit prêt à servir de modèle aux jeunes générations et leur montrer qu’on peut être un bon sportif même si l’on est gai. Il faut que les choses changent, il y a trop d’homo-sexuels malheureux dans le monde du sport, souligne-t-il. David Testo espère faire disparaître ses stéréotypes, montrer que tout n’est pas sombre, que l’on peut faire sa sortie du placard sans trop de heurts, qu’il y a finalement de l’espoir — Yes, you can !— qu’ils peuvent être eux-mêmes. 

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    Le changement des mentalités, la lutte contre les préjugés passent souvent par l’exemple. Vous aussi, vous pouvez faire comme David Testo et agir pour changer les choses. Le GRIS-Montréal est actuellement en campagne de recrutement et recherche des gais et des bisexuels des deux sexes pour témoigner en classe devant des jeunes qui ont besoin de vous. Et nous avons besoin d’eux pour bâtir une société sans homophobie.

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