Nom porté par l’une des tours d’habitation situées près du métro Longueuil où se déroule, au printemps 1983, un événement traumatique pour un jeune étudiant en littérature française.
En effet, il y suit un homme qui, pour assouvir une fantasmatique tordue, le roue de coups et l’agresse sexuellement. Le narrateur n’en parle cependant à personne et se convainc même qu’il est en partie responsable de ce qui lui est arrivé. Selon lui, certains signes étaient d’ailleurs annonciateurs de l’issue violente de la rencontre et l’étudiant ne semble pas concevoir qu’il puisse mériter autre chose de la vie ou des hommes.
Cet événement teintera l’ensemble de ses relations pendant les mois qui suivent jusqu’à une confrontation finale qui l’amène, pour la première fois, à porter un regard lucide et clinique sur ce qu’il est et ce qu’il vit.
C’est, significativement d’ailleurs, à cet instant cathartique qu’il révèle son prénom, comme si son identité, et l’importance de cette dernière, se révélaient non seulement au lecteur, mais également à lui-même pour la toute première fois.
Un roman dur à l’écriture nerveuse, terriblement efficace, qui nous fait partager un désespoir entrelacé d’une soif absolue de bonheur. Le sujet peut sembler cafardeux, mais le récit de Luc Mercure ne sombre cependant jamais dans les clichés ou dans une lourdeur glauque qu’il aurait été facile d’emprunter.
De fait, le récit se dévore en quelques heures à peine, le lecteur suspendu au destin de ce héros improbable.
Une très belle découverte!
Port de mer / Luc Mercure. Montréal : Québec Amérique, 2014. 101p.