Un roman singulier se déroulant dans une dystopie italienne, un futur se situant à quelques années à peine, où règne un régime hétérocentrique extrême : l’homosexualité est considérée comme un problème médical préoccupant et les droits des personnes «atteintes» sont restreints en conséquence.
C’est dans cet univers moins que paradisiaque que s’éveille Rocco Billemi, découvrant à ses côtés, dans ses draps emmêlés, un homme égorgé. Sa mémoire est embrouillée et il se rappelle bien avoir passé la soirée en compagnie d’un homme, Gabriele, mais il ne s’agit définitivement pas du corps sans vie étendue à ses côtés. Qui est-il? Comment s’est-il retrouvé à ses côtés? Et où est Gabriele?
Pis encore, il doit faire face aux forces constabulaires qui lui accolent immédiatement l’étiquette de suspect no 1. Après tout, il n’y a qu’un pas, facile à franchir, entre homosexuel et criminel sanguinaire. Pour éviter les geôles, il ne lui reste bientôt plus qu’à entreprendre sa propre enquête.
Un roman étonnant, à l’écriture nerveuse et précise, qui se révèle difficile à classer : roman policier, d’anticipation, drame sociopolitique? Le mystère alambiqué et les jeux de faux semblants entourant ce meurtre crapuleux et les motivations qui le sous-tendent sont évidemment intéressants, mais ce qui fascine, et donne froid dans le dos, est ce futur malsain à portée de nos doigts, qui aurait pu être le nôtre sans les multiples combats menés.
Ombres jaunes, nuits mauves / Domenico Conoscenti et Dante G. Munafò. Paris : Publibook, 2014. 250p.