Rencontre avec Maxime Cossette, Directeur de comptes en finances personnelles à la Caisse du Complexe Desjardins .
Bonjour Maxime, merci de nous recevoir à ton bureau de la Caisse du Complexe Desjardins. Peux-tu te présenter ?
Je travaille depuis huit ans pour le Mouvement Desjardins. J’ai commencé ma carrière comme caissier pour la Caisse Préfontaine-Hochelaga et, il y a deux ans, j’ai eu la chance de venir travailler au sein de la Caisse du Complexe Desjardins en tant que Directeur de comptes en finances personnelles. Plus spécifiquement, je m’occupe de la clientèle «milieu de vie active». Il s’agit d’une clientèle ayant déjà intégré le marché du travail et donc avec des projets très diversifiés comme l’achat d’une propriété, des projets d’épargne pour les études des enfants ou pour commencer à prévoir la retraite.
Est-ce que tes collègues sont au courant de ton orientation sexuelle ? En d’autres mots, as-tu fait ton «coming out» au travail ?
Je n’ai pas eu à faire un vrai «coming out», car j’ai la chance d’avoir travaillé dans deux caisses que je qualifierais de très ouvertes. En effet, il y avait déjà plusieurs employés et gestionnaires de la communauté LGBT qui avaient démystifié cet aspect plusieurs années auparavant. Je dirais donc que j’ai toujours évolué dans un environnement LGBT friendly qui m’a permis de me sentir tout de suite très à l’aise et de parler ouvertement de ma vie privée avec mes collègues.
Penses-tu que toutes les caisses sont aussi ouvertes, y compris en région ?
Je ne sais pas trop. Personnellement, j’ai grandi en région dans la ville de St-Tite et je pense que, de façon générale, l’ouverture de la population envers la population LGBT est très différente en région par rapport à Montréal. Probablement parce qu’il y a moins de personnes LGBT en région. Mais les gestionnaires de toutes les caisses du Québec doivent être vigilants. Ce n’est pas parce qu’il y en a moins qu’il n’y en a pas. Par conséquent, je pense qu’il est important que les gestionnaires véhiculent un sentiment d’ouverture vis-à-vis de toute diversité (orientation sexuelle, sexe, religion, origine, etc.) afin de permettre à tout employé LGBT qui souhaiterait parler librement de sa vie personnelle de se sentir suffisamment à l’aise de le faire. Je pense très sincèrement que l’ensemble des caisses abonde en ce sens et que les gestionnaires sont empreints de bonne volonté, ce que je trouve très positif. Par exemple le fait de voir que Desjardins a récemment créé des affiches pu-blicitaires montrant deux hommes en train de discuter d’un projet d’achat de propriété montre cette ouverture. J’étais heureux de constater que de nombreuses caisses, y compris celles en région, ont fait le choix de les afficher aux yeux de tous.
Lorsque tu rencontres des membres à ton bureau, sens-tu le besoin de leur dire que tu es gai?
Absolument pas. Ce n’est pas du tout parce que je veux le cacher, mais je ne vois pas en quoi le fait de dire «Bonjour, je suis Maxime Cossette et je suis gai» représenterait une quelconque valeur ajoutée aux conseils financiers que je vais leur donner. Je suis là pour accompagner les membres dans leurs projets de la façon la plus professionnelle possible et non pas pour parler de ma vie privée. Toutefois, si je sens qu’un couple gai est mal à l’aise en me parlant d’un projet commun, je me sentirais tout à fait à l’aise de leur faire connaître mon orientation sexuelle pour les «dégêner» et faciliter la discussion en leur montrant que je ne porte aucun jugement. Ce qui est important, c’est que ma clientèle se sente traitée de la même façon, peu importe son orientation sexuelle, son origine sociale ou sa couleur de peau.
Selon toi, quelle serait la «top» raison qui fait qu’un employé LGBT se sente aussi bien dans le Mouvement?
Personnellement, je dirais l’ouverture des gestionnaires et les messages qu’ils véhiculent à leurs employés. À ma Caisse, le Directeur général adjoint est gai. Je pense aussi au Directeur général de la Caisse de Rosemont—La Petite-Patrie qui est ouvertement gai. À la Fédération, il y a aussi de nombreux LGBT au sein de la haute direction. Le message que cela envoie à l’ensemble des employés est fort… aucune discrimination ne sera faite en fonction de notre orientation sexuelle !
Selon toi que pourrait faire le Mouvement Desjardins pour aller encore plus loin pour supporter la communauté LGBT?
Honnêtement, je trouve que beaucoup de choses sont faites. Je pense par exemple à un événement qui avait été organisé l’année dernière pour les employés LGBT et leurs alliés. Les ressources humaines et la haute direction avaient montré leur appui. Je pense à l’exposition «Les Alliés s’exposent» qui avait été commanditée en partie par le Mouvement Desjardins et qui avait été présentée au Complexe Desjardins. Je pense aussi à notre présence lors de la journée communautaire de la Fierté. Beaucoup d’initiatives sont faites pour aller plus loin. Selon moi, Desjardins pourrait orga-niser plus d’événements en région. Je pense aussi souvent au «T» de «LGBT» qui fait référence aux transgenres. Il y en a sans doute moins, mais je crois qu’un travail de démystification est encore nécessaire afin qu’ils sentent qu’ils sont importants pour nous. J’aimerais par exemple qu’un gestionnaire ayant dans son équipe un employé en processus de changement de sexe puisse comprendre les différentes étapes afin de pouvoir l’accompa-gner au mieux dans cette transition.
Pourrais-tu nous raconter une anecdote en lien avec le milieu LGBT au travail ?
J’ai vécu quelque chose d’assez particulier dans lequel j’ai eu moi-même à devoir démystifier un préjugé. Étonnamment, ce préjugé provenait d’un membre gai qui a refusé d’être conseillé par une de mes collègues de confession musulmane. Il a demandé à être servi par quelqu’un d’autre. J’ai vraiment été surpris, car ma collègue était aussi contente que moi de l’aider! J’ai donc pris le temps de discuter avec lui à mon bureau pour comprendre ce qui le dérangeait tant. Il m’a expliqué que ce qu’il craignait c’était le sentiment de jugement de la conseillère, car ce membre avait besoin d’expliquer qu’il vivait avec une personne de même sexe pour bien se faire conseiller. Je lui ai donc expliqué que les employés de la caisse conseillent les membres sans jugement vis-à-vis de l’orientation sexuelle et que cette collègue est même devenue une de mes amies. Le fait que je sois gai ne change donc absolument rien pour elle. Je pense que ce jour-là, j’ai moi-même réussi à démystifier un préjugé que cette personne LGBT avait.
Quel conseil donnerais-tu à un couple qui vient d’acheter une maison et qui a des enfants en route?
Après avoir acheté une propriété, d’autres projets refont surface. En rendez-vous, j’aime privilégier une approche par projet. Cela signifie que je vais parler du projet avec le membre pour ensuite pouvoir lui conseiller les produits dont il a besoin pour le réaliser. Cela peut-être un produit d’épargne, par exemple ou un produit de protection comme des assurances. Pour un couple qui vient d’avoir un enfant, j’aborderais la question du testament et je lui parlerais également du régime enregistré d’épargne-études. Chaque année, le parent peut faire des cotisations au REEE et ainsi profiter des subventions du gouvernement et par la suite, au moment des études de l’enfant, effectuer des retraits pour financer les études.
Que proposerais-tu comme investissement?
On détermine avec le profil d’investisseur, la tolérance au risque, l’horizon de placement et l’objectif, ceci nous orientera vers un type de placement spécialisé. Il est avantageux de cotiser tôt au régime enregistré d’épargne-études, par contre il n’est jamais trop tard pour cotiser si vous ne l’avez pas fait encore pour vos enfants. Je conseille à mes membres des prélèvements préautorisés pour leur permettre de cotiser selon la période choisie, car les fluctuations du marché auront moins d’impact qu’en cotisant une grosse somme d’un coup. Si nous abordons le sujet de l’adoption, l’aspect des finances personnelles de ce projet est très important.
As-tu un produit «chouchou»?
Que l’on parle des fonds Diapason ou Societerre, ces deux produits sont avantageux pour un investisseur. Le Societerre est en demande, avec son avantage éthique et écoresponsable, il est très attrayant.
Recommandes-tu un taux fixe ou un taux variable à un membre souhaitant investir dans un bien immobilier?
Cette question est mitigée, car les nouveaux acheteurs préfèrent souvent le taux fixe afin de mieux planifier leur budget. Pour les acheteurs d’une seconde propriété, l’expérience est en place et souvent ils préfèrent le taux variable. Il s’agit de discuter et d’être à l’écoute des besoins.
Merci beaucoup Maxime d’avoir pris le temps de nous rencontrer et de nous parler de ton expérience personnelle!