Deux policiers, en apparence aux antipodes, travaillent de concert afin de résoudre les meurtres crapuleux qui échouent au Bureau des crimes graves du Service de police de Montréal.
En premier lieu, Rinzen Gyatso, une policière bouddhiste très zen, à l’univers familial riche et harmonieux. En second, on retrouve Luc Paradis, un policier gai athée, dont la vie amoureuse avoisine le zéro absolu. Ce dernier consacre ses nuits à la boxe et à aider des jeunes malmenés par la vie.
Trois crimes sordides : un prêtre défroqué retrouvé crucifié, un homme dépecé dont les membres jonchent les fonds du fleuve et, finalement, un homme noir gai pendu à un arbre. Des meurtres qui semblent, au départ, relativement simples et sans aucun lien les uns avec les autres. Pourtant, rien n’est moins vrai et rien n’est aussi simple !
Ajoutons à cela, les confidences inquiétantes, d’un enfant et de son confesseur, dont l’identité de l’un et l’autre nous échappe et qui semblent sourdre d’un passé boueux et glauque.
Dès les premières pages, le ton est lancé et le lecteur saisit bien qu’il se trouve devant une œuvre riche qui sort des sentiers battus. En effet, l’auteure, Johanne Seymour, nous entraîne dans les coulisses de Rinzen et Luc, dans des souvenirs d’enfance qui n’ont aucun impact sur l’enquête qui s’annonce, mais qui sont des éléments fondateurs des personnages: le signal est clair, l’intrigue est ici au service des personnages et non le contraire.
L’enquête apporte d’ailleurs au lecteur, par couches successives et progressives, des révélations qui transforment notre compréhension de ces derniers. L’intrigue est extrêmement bien ficelée et tient le lecteur en haleine du début à la fin et se lit d’une traite, presque avec avidité.
Johanne Seymour n’en est pas à ses premières armes dans le polar puisqu’elle est la scénariste de Séquelles, diffusée sur les ondes de Séries+ et adaptées de son roman Le cri du cerf.
On ne peut que souhaiter voir également une adaptation à la télévision de ce nouveau roman passionnant.
Rinzen et l’homme perdu / Johanne Seymour. Montréal : Libre expression, 2016. 288p.