L’action se situe au Texas, vers la fin du 19e siècle, peu de temps après la Guerre de Sécession. Le gouvernement entend bien mettre à profit les richesses de ce territoire encore méconnu et y dépêche des missions de reconnaissance et de recensement afin d’y repérer les richesses à exploiter ainsi que les obstacles potentiels (un terme voilé pour désigner les Amérindiens).
La bande dessinée nous fait partager les travaux d’exploration d’un trio improbable : Stingley, le directeur de cette expédition, Oscar, le photographe désigné et Milton, le garçon de ferme.
Le premier représente une civilisation pédante et pudibonde qui ne perçoit qu’une terre dont il faut profiter du moindre hectare et des « sauvages » qu’il convient de civiliser ou d’éliminer. Oscar, de son côté, tente d’échapper à une arnaque pour laquelle il est recherché et tente d’oublier un amant d’outre-Atlantique.
Milton, quant à lui, tente d’échapper à un destin plus complexe qui va beaucoup plus loin que le sexe masculin dont il s’affuble pour cacher sa véritable identité.
Un prétexte relativement simple auquel se combine cependant un vampire à la poursuite de l’un des membres du trio et qui se nourrit du sang des étalons sauvages, un mystérieux Comanche qui apparaît au milieu de nulle part et un chant qui permet de contrôler les chevaux.
Visuellement spectaculaire, la bande dessinée s’inscrit dans un courant européen récent qui voit pulluler les récits se déroulant dans l’Ouest américain. Elle confronte la rencontre d’univers qui, à première vue, ne semblent pas partager de frontières communes : le western et le fantastique.
La mécanique fonctionne cependant relativement bien même si la conclusion s’essouffle un peu et que certaines questions demeurent sans réponse.
Résolument innovateur !
L’odeur des garçons affamés / Frederik Peeters et Loo Hui Phang. Paris : Casterman, 2016. 109p.
