Fondé officiellement le 24 septembre 1986, le Mouvement d’information et d’entraide dans la lutte contre le VIH-sida à Québec, connu sous l’acronyme de MIELS-Québec, a souligné ses 30 ans d’existence à l’occasion de retrouvailles, le 29 septembre, à la coopérative de solidarité La Nef.
Étaient présents notamment des fondateurs, des personnes qui reçoivent des services de MIELS-Québec, des employés, des bénévoles, des religieuses et des politiciens, dont le maire de Québec, Régis Labeaume, la conseillère municipale de Saint-Roch/Saint-Sauveur, Chantal Gilbert, et la députée de Taschereau, Agnès Maltais. « On ne dit jamais qu’on fête la création de MIELS-Québec, parce qu’on ne peut pas fêter l’existence du VIH-sida, a déclaré à Fugues Thérèse Richer, directrice générale depuis sept ans à MIELS-Québec. Par contre, on peut quand même célébrer toute la solidarité des 30 dernières années pour soutenir les personnes vivant avec le VIH et pour réaliser des activités de prévention du VIH-sida, les deux volets de MIELS-Québec. »
Heureux et tristes souvenirs
Pierre Berthelot, un des fondateurs de MIELS-Québec, s’est souvenu comment est né cet organisme communautaire. « On était comme une famille. C’était l’époque où il fallait encore se rencontrer dans des lieux physiques. Souvent, c’était des groupes d’environ cinq amis qui étaient tous séropositifs et qui s’accompagnaient à tour de rôle lorsque l’un d’entre eux tombait malade. On était très soudé. C’était le sens du communautaire ». Il a rappelé la « plus grande difficulté » à son avis que MIELS-Québec a éprouvé au cours de son histoire, soit l’établissement à Québec de la Maison Marc-Simon. Il a raconté à Fugues que des citoyens du quartier Maizerets s’opposaient à la venue d’un établissement pour héberger et soigner des personnes séropositives, dont certaines en fin de vie. C’est pour cette raison que la Maison Marc-Simon a vu le jour en 1988 sur la rue Chouinard, près de la côte de la Pente-Douce. « Avec l’aide des Sœurs de la Charité de Québec qui voulaient s’impliquer, elles ont fait en sorte que la Ville de Québec trouve une maison où il n’y avait pas trop de propriétaires autour pour faciliter son installation. »
L’apport essentiel des bénévoles
Bénévole à MIELS-Québec depuis 17 ans, André Bélanger a accompli différentes tâches, notamment le transport, l’accompagnement individuel et a animé des soirées de discussion du programme PRISME. Il a même siégé à son conseil d’administration durant deux mandats. Encore aujourd’hui, un soir par semaine, il aide l’intervenant au service des repas et discute avec les gens hébergés. « C’est ma participation. Après plusieurs années de bénévolat, je sens que les gens ont de grands besoins et ça me fait plaisir d’être présent pour eux.» MIELS-Québec lui a d’ailleurs remis le prix René-Raymond 2012-2013, distinction qui est remise annuellement à une ou des personnes qui ont fait progresser la cause du VIH-sida ou qui ont contribué d’une façon marquante au soutien des personnes vivant avec le VIH.
Une double lutte aux préjugés
La députée Agnès Maltais a d’ailleurs remercié les bénévoles pour leurs quelque «8 000 heures de bénévolat par année» consacrées à cet organisme. «Je veux [aussi] remercier MIELS-Québec pour 30 ans d’amour pur et profond et de lutte contre les préjugés envers le sida et l’homosexualité. Il fallait faire les deux batailles en même temps. Vous rendez-vous compte comment c’était difficile.» Le maire Labeaume a rappelé le «vent de folie» qui régnait dans la population entourant la transmission du VIH. «Si j’avais été dans votre peau à l’époque, j’aurais énormément souffert, parce que c’est à ce moment-là que bien des préjugés envers des membres de la communauté LGBT sont sortis. Il y a bien de gens qui ont saisi cette occasion pour sortir leur venin contre les membres de la communauté LGBT. Ce n’était pas joli. » Il a aussi félicité la détermination de MIELS-Québec. «Faire durer une organisation communautaire pendant 30 ans, c’est difficile et compliqué. […] Chapeau bas à vous tous».
Les luttes à poursuivre
Le président du conseil d’administration de MIELS-Québec, Martin Masson, a émis le souhait que pour les années à venir, MIELS-Québec connaisse la disparition du VIH-sida. À court terme, il aimerait que les personnes vivant avec le VIH-sida aient moins de difficultés économiques, car certains sont affectés par la pauvreté, et qu’elles ne soient pas stigmatisées. « Quelqu’un qui apprend qu’il a le cancer va spontanément le dire, par exemple dans son milieu de travail. Encore aujourd’hui, je connais très peu de gens qui vont dire qu’ils sont séropositifs. Certains en parlent une seule fois par mois quand ils viennent à MIELS-Québec. On a encore du travail à faire au niveau des préjugés envers les personnes vivant avec le VIH-sida. La sérophobie est encore trop présente ». Pierre Berthelot croit toujours à la nécessité de MIELS-Québec. « Il faut maintenir le cap pour aider les gens qui vivent avec le VIH et pour continuer à prévenir sa transmission. Tant qu’il y aura du VIH, on aura besoin d’un organisme comme MIELS-Québec ».