Comme on vous l’a annoncé le mois dernier avec l’agrandissement de la Clinique médicale du Quartier Latin, une pharmacie Martin Duquette s’y installera. Ce pharmacien est au service des personnes séropositives et autres, à la Clinique médicale l’Actuel, depuis 20 ans maintenant. Il a traité ainsi pas moins de 7000 patients avec des antirétroviraux dans cette pharmacie-là, et ce, depuis deux décennies, de manière ponctuelle ou chronique y compris les PPE et PrEP.
Discuter avec ce professionnel de la santé, c’est voir combien il est passionné par son travail, mais aussi de constater son implication et son engagement dans le milieu et son empathie envers les patients… Pharmacien depuis 1985, il a décidé de se consacrer à cette clientèle séropositive et a appris ainsi tous les rudiments de la médication traitant le virus du VIH. L’ouverture de cette nouvelle succursale à la Clinique médicale du Quartier Latin est prévue pour le mois de février.
«La première pharmacie a ouvert ses portes avec Mme Colette Bisaillon, à l’Actuel, en 1996, souligne Martin Duquette. Et en 1996, le besoin d’avoir une pharmacie sur place devenait urgent. L’arrivée sur le marché des premiers antirétroviraux soutenait encore plus l’intégration d’une pharmacie et les services professionnels d’un pharmacien à l’Actuel. Être séropositif (et souvent sidéen), il y a 20-25 ans, était très stigmatisé et les patients ont répondu favorablement à notre offre de service au 11e étage, donc à l’abri des regards indiscrets. J’ai travaillé un an dans cette pharmacie avant d’en faire l’acquisition, en décembre 2001. Dès le premier jour, j’ai eu un coup de foudre pour plusieurs raisons : d’abord la clientèle principalement gaie avec une moyenne d’âge entre 35 et 40 ans, une clientèle à ce moment-là assez malade, plusieurs étaient d’ailleurs en phase terminale du sida. Je trouvais ça difficile parfois, mais combien stimulant que de conseiller et d’aider des gens de ma génération. J’y ai cru. Nous avons travaillé fort pour souvent trouver des traitements qui parvenaient à réduire la charge virale et contrer les résistances. De concert avec des médecins consciencieux, dévoués et impliqués, la bataille a été gagnée pour la majorité des patients. C’est une clientèle dynamique, différente, hétéroclite, jeune et moins jeune, y compris des patients séropositifs octogénaires. Depuis 2014, cette pharmacie possède une superficie de 1800 pi. carrés au lieu des 200 pi. carrés à ses débuts.»

Évidemment, si Martin Duquette aménage une pharmacie dans la nouvelle adresse de la clinique du Quartier Latin, à la Gare d’autocars de Montréal, il délaissera celle du 600, Sherbrooke Est. On y comptera plus de deux pharmaciens appuyés par des techniciens. «Il s’agit d’un projet d’envergure et le local possède une superficie d’environ 1 600 pi. carrés, au cœur de la clinique. J’y ai vu une belle opportunité de m’y installer et de fermer ma pharmacie sur la rue Sherbrooke, également reconnue pour son expertise en VIH, mais aussi en pharmacie générale avec une clientèle régulière. Et c’est ce que l’on retrouve à la clinique Quartier Latin. Pour ma part, j’ai toujours travaillé à l’intérieur d’une clinique médicale, j’y trouve un avantage énorme pour ma pratique. Une équipe multidisciplinaire au même endroit facilite beaucoup notre travail. Si c’est un avantage pour nous les pharmaciens, ça l’est aussi pour les patients. […] Il n’y a pas mieux que de choisir son pharmacien là où on consulte son médecin lorsque c’est possible. Je le sais bien pour en avoir fait l’expérience à la clinique l’Actuel et où j’avais exercé ma profession avant d’aller à Ahuntsic», poursuit Martin Duquette.
Rencontrer Martin Duquette, c’est parler à un expert en traitements VIH. Avec plus de 20 ans dans le domaine, il a vu évoluer la médication : «[Aujourd’hui, nous avons] de meilleurs outils de dépistage, une accessibilité accrue aux traitements, des traitements forts, simplifiés et mieux tolérés, avec moins d’effets secondaires et d’interactions médicamenteuses. La majorité des nouveaux patients reçoivent maintenant un comprimé par jour. On a réussi à faire reculer la propagation du virus. Deux outils ont aussi participé à ce succès : la PPE (prophylaxie post-exposition) et aujourd’hui la PrEP (prophylaxie pré-exposition). Traiter tôt, le plus vite est le mieux. La toxicité à long terme des nouveaux médicaments existe toujours, mais les nouvelles molécules sont moins nocives et un suivi régulier chez votre médecin assure la surveillance des problèmes à long terme qui pourraient surgir. […] Pour ce qui est de la PrEP, il a été démontré que c’est un outil très efficace. Je la recommande. Mais elle peut voir un autre côté plus tranchant : celui, pour un patient, de ne pas toujours suivre la posologie recommandée et de voir surgir de nouvelles infections au VIH et surtout d’autres ITSS (infections transmissibles par le sexe et par le sang). […] Je souhaite seulement que son utilisation soit faite avec responsabilité, sinon nous pourrions avoir des surprises. Toutefois, indéniablement, il s’agit d’un pas de plus dans le contrôle de la transmission du VIH. […] Il faut sensibiliser la population à se faire dépister plusieurs fois par an lorsqu’on est actif sexuellement avec des partenaires différents», soutient ce pharmacien.
Mais comment est venue cette spécialisation en traitements pour le VIH et les ITSS ? «Au quotidien, au fil du temps, j’ai lu beaucoup, par la formation continue aussi, par la participation à plusieurs congrès. et le partage des connaissances avec mes collègues de travail, comme la pharmacienne Danielle Gourde qui a fait beaucoup pour m’aider à travers ces 20 années de service avec moi, indique Martin Duquette. C’est une perle ! C’est un autre côté de ma pratique qui m’a séduit. Il y a aussi la contribution constante des compagnies pharmaceutiques. La collaboration continue des représentants spécialisés en VIH fait que nous formons une fraternité. Pour un pharmacien communautaire, cette relation est exceptionnelle et privilégiée. Je suis arrivé lorsque les IP (Inhibiteurs de Protéase) ont été introduits, c’était la 3e classe de médicaments, et, aujourd’hui, ces derniers sont beaucoup moins utilisés. Pour le bien de tous les patients, les médicaments sont toujours améliorés, que ce soit par leurs moindres effets secondaires ou par leur efficacité ou la simplicité de leur posologie. On compte aujourd’hui six classes de médicaments et pas moins de 30 solutions différentes pour soigner les patients. C’est donc tout un changement par rapport à mes débuts…»
Pharmacies Martin Duquette
Clinique médicale l’Actuel, 1001, boul. de Maisonneuve Est, 11e étage, Montréal.
514-528-0877
La succursale du 600, rue Sherbrooke Est, bureau 101,
Montréal (514-842-7065) sera remplacée dès février par celle du 1717, rue Berri.