Après Le testament de Maïakovski et Le scandale de la tour byzantine, Pierre-Louis Gagnon poursuit son exploration de l’univers politique et social du Québec et de l’occident en nous entraînant dans le sillage de Serge Régnier. L’action débute en Février 1939, dans un climat politique mondial qui commence peu à peu à s’échauffer.
Le lecteur est évidemment conscient que la Seconde Guerre mondiale se profile à l’horizon, mais les personnages du roman, bien qu’inquiets, ne se doutent aucunement du carnage qui s’annonce.
Serge Régnier travaille dorénavant à Montréal à titre de journaliste pour le quotidien Le Canada, un journal associé à la plateforme politique du Parti libéral.
Agacé par la mollesse de la population québécoise, qui acclame à grands cris l’arrivée de George VI et d’Elizabeth en sol québécois, il décide de plutôt se pencher sur l’influence de la mafia new-yorkaise sur le milieu interlope montréalais ainsi que sur la corruption municipale.
L’auteur brosse également un portrait nuancé de la réalité gaie de l’époque par l’intermédiaire des rencontres de Serge qui recherche la passion auprès d’un libraire, d’un collègue de travail irlandais, puis dans les bras d’un musculeux et fringant soldat.
Le déclenchement de la guerre conduit cependant notre héros et son amant à quitter Montréal pour se retrouver à Londres où, à travers une mission délicate confiée par Winston Churchill, ils en profitent pour explorer le milieu des maisons de débauche réservées aux hommes.
Un récit bien ficelé dans lequel l’auteur fait montre d’une grande maîtrise du délicat équilibre à maintenir entre évocations d’anecdotes historiques et trame narrative. Les personnages sont bien développés, de même que leurs désirs et leurs drames. Et, soyez rassuré, l’amour triomphe… mais pas dans les bras de qui l’on croit.
Le rendez-vous de Damas / Pierre-Louis Gagnon. Montréal: Lévesque éditeur, 2017. 247p.