Lundi, 17 mars 2025
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    Neuf mois plus tard : La liste de Randy Boissonault

    Conseiller spécial du premier ministre les enjeux liés à la communauté LGBTQ2, et le premier conseiller LGBTQ de toute l’histoire des gouvernements canadiens, Randy Boissonault était l’un des conférenciers d’honneur invités lors de la Conférence nationale sur les réalités LGBTTIQA2S de Fierté Montréal en août dernier.

    Le député d’Edmonton-Centre en Alberta a été nommé à ce poste en novembre 2016, et depuis il a fait le tour des besoins, des attentes, et des réalités des organismes communautaires à travers le pays. Lors de sa nomination, il avait accordé une entrevue pour le magazine Fugues détaillant le mandat qu’il avait accepté. Nous avons profité de son passage à Montréal dans le cadre de Fierté Montréal pour faire un premier bilan de son travail.

    Quel bilan tirez-vous de votre rôle depuis votre nomination ?
    Il était important de rencontrer les groupes communautaires, de discuter avec eux des meilleures stratégies pour faire avancer les dossiers, et d’évaluer leurs besoins. Et quand on parle de besoins, on parle aussi de financements. Ce sont des dossiers sur lesquels mon équipe travaille, en tout cinq personnes composent ce bureau.

    Est-ce que l’on doit s’attendre à des annonces de la part du gouvernement maintenant que vous avez fini les consultations, sachant que les attentes sont grandes en particulier de la part des ex-militaires et autres fonctionnaires exclus en raison de leur orientation sexuelle ?
    RB. Nous sommes en voie de finaliser un texte qui sera présenté d’ici la fin de l’année au Parlement et qui présentera au nom du gouvernement canadien des excuses officielles à ces canadiennes et ces canadiens injustement discriminés. Nous regardons actuellement la partie dédommagements et indemnités possibles à verser à ces personnes-là. C’est certain qu’une annonce interviendra avant la fin de l’année.

    Qu’en est-il de l’article 159 du Code Criminel qui considère que la sodomie est un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de 10 ans ?
    Nous allons introduire un projet de loi en ce sens devant la Chambre des communes cet automne. On a utilisé historiquement cet article du Code criminel pour arrêter des hommes, que ce soit dans les bars ou les saunas et les condamner parfois à la prison. Il faut en finir avec cet article.

    Que peut-on faire pour les LGBTQ+ qui dans d’autres pays sont victimes de persécution ou d’ostracisation, comme on l’a vu récemment en Tchétchénie?
    On continue d’agir à travers le ministère des Affaires extérieures du Canada. On va continuer à agir soit à travers l’Organisation internationale de la Francophonie (OIE) ou à travers le Commonwealth. Nous agissons à travers un tout nouveau comité qui est chargé d’étudier les questions LGBTQ+ au sein du Commonwealth, c’est la première fois qu’il y a un tel comité dans cette organisation et le Canada en fait partie et nous continuons de soulever la question des droits de la personne et plus particulièrement celle des droits de minorités sexuelles. C’est ce qu’a fait le premier ministre, Justin Trudeau dans son discours d’ouverture du Sommet de la Francophonie à Madagascar à l’automne dernier. C’est la même approche que nous utilisons avec l’Organisation des États américains, il y a un noyau de pays, le Chili entre autres, et nous œuvrons ensemble.

    Y aura-t-il un traitement spécial pour les réfugiés Haïtiens LGBTQ+ qui se présentent peut-être à la frontière actuellement ?
    Chaque cas est traité de manière individuelle, et évaluer les risques si la personne devait être retournée dans son pays. Mais c’est important que, lorsqu’elles se présentent aux autorités d’immigration, elles racontent toute leur histoire afin que l’on puisse évaluer leur cas et le traiter en conséquence. Ce qu’il faut noter en ce qui concerne les réfugiés LGBTQ+, c’est qu’ils font partie de nos procédures habituelles. En revanche, le travail au Canada des organismes LGBTQ+ est très important pour aider ces personnes-là parce qu’ils voient à leurs besoins et les aident à mieux s’intégrer dans la société.

    Le Canada a des relations avec des pays qui criminalisent encore l’homosexualité, comme l’Arabie Saoudite par exemple. Qu’est-ce que le Canada peut faire à ce sujet ?
    Il y a du travail à faire partout dans le monde, nous devons continuer de soulever ces questions-là à dénoncer publiquement des pratiques homophobes. Nous pouvons aussi accueillir des réfugiés en provenance de pays où leurs droits sont réprimés, c’est pourquoi nous avons un système d’asile au Canada qui nous permet de le faire. Mais le Canada n’est pas tout seul au monde, il faut travailler avec chaque pays individuellement. Mais vous savez, il y a du travail à faire, ici aussi, au Canada. Il faut seulement regarder, lorsque je parle de questions LGBTQ+, sur Twitter ou sur Facebook les commentaires négatifs que je reçois, on s’aperçoit bien vite que tout n’est pas encore réglé et qu’on a du chemin à faire chez nous. Et c’est pour cela que le gouvernement va continuer aussi de travailler avec les organisations locales ici même au pays.

    — Propos recueillis par André C. Passiour et Denis-Daniel Boullé

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