Issue de la rencontre de plusieurs nouvelles rédigées au fil des ans, Animitas nous présente un narrateur qui semble être né des expériences personnelles de son auteur, Nicholas Dawson.
Difficile donc de faire la part des choses entre réalité et fiction qui s’entrelacent sans doute joyeusement au fil des pages.
Le roman débute au début des années 90 et met habilement en scène un jeune immigrant chilien qui développe ses racines dans le terreau de la rue Ontario, et sa faune bigarrée, puis dans un quartier aseptisé de Brossard ainsi qu’à travers le regard de sa famille qui a une vision dès plus traditionnelles des codes que chacun se doit de respecter.
Au grand désarroi de ces derniers, en particulier son père et son frère, ses goûts sont loin de correspondre aux dictats établis : après tout, Janet Jackson et Madonna ne constituent pas des parangons de masculinité.
On lui dit qu’il écoute de la musique de filles et il comprend, peu à peu, qu’il devrait avoir honte d’aduler ces chanteuses. On ne peut cependant contrôler ce qui fascine nos oreilles pas plus qu’on ne peut dompter ce qui attire notre regard et les grands hommes musclés de Brossard ont bien vite fait de s’imposer à sa vue.
Il se trouve ainsi partagé entre deux univers, l’un très viscéral puisqu’émanant d’une terre natale qui l’a bercé, et l’autre plus éclectique, car issue de ses choix personnels au sein d’une nouvelle famille qu’il se bâtit au fil des ans. Peut-il y avoir une rencontre des deux univers? Un rejet initial de ses proches peut-il se transformer et s’épanouir dans une autre direction?
Un recherche initiatique prenante et d’une grande originalité, écartelée entre des axes rarement dépeints d’un même jet, à savoir Brossard, la rue Ontario et le Chili. Une écriture à la fois lyrique et clinique où chaque mouvement se partage entre sensibilité d’âme et grande quotidienneté.
Animitas / Nicholas Dawson. Montréal : La Mèche, 2017. 269p.