Qui est ce « petit Renard » (avec une majuscule) dont la présence dans le titre donne l’impression que va s’offrir à nous une fable aux animaux parlants?
Paul, de son prénom, est le goupil de cette famille qui vient passer ses vacances à la campagne avec ses parents et sa sœur cadette.
Du haut de ses 14 ans, Paul jette un regard fasciné sur les hommes massifs et poilus qui l’entourent, de même que sur ceux qui peuplent son univers numérique, en particulier ceux qui arborent, il ne sait encore trop pourquoi, un tatouage de patte d’ours.
L’incarnation de son désir va se présenter en la personne d’Hervé, un ami de sa tante, bien installé dans la quarantaine, qui dégage une assurance et une masculinité qui ne cessent d’alimenter ses fantasmes, au grand dam d’Arnaud, un jardinier de 19 ans.
Mais bien qu’attentionné, Hervé ne semble pas vraiment avoir d’intérêt marqué pour notre petit Renard. Le hasard faisant toujours bien les choses, Paul reçoit pour son anniversaire un téléphone intelligent sur lequel il installe Grindr et se crée un avatar adulte afin de mieux approcher l’objet de son désir.
Le contact se fait et Hervé confie bien rapidement des éléments de sa vie quotidienne ou de ses fantasmes à Paul sans réaliser que son interlocuteur se trouve à quelques mètres à peine.
Les qualités de cinéaste d’Arthur Cahn (qui a réalisé de nombreux documentaires et travaille à son premier long-métrage) sont évidentes à la lecture de ce roman qui se présente souvent sous la forme d’instantanés qui illustrent avec force les états d’âme des personnages de même que des atmosphères palpables (dans certaines scènes, on peut presque ressentir la chaleur du soleil sur sa peau).
L’écriture fait preuve d’une retenue bien dosée qui tient le lecteur dans l’expectative tout au long d’un récit qui se dévore littéralement d’une traite. Sans aucun doute la surprise de la rentrée.
Les vacances du petit Renard / Arthur Cahn. Paris : Seuil, 2018. 190p.