Un roman qui s’ouvre avec la tragique découverte par le jeune Emry Booker du corps de sa mère qui s’est donné la mort par pendaison.
Un événement traumatique, s’il en est un, mais qui constitue simplement la conclusion de plusieurs années passées au chevet d’une femme blessée, marquée par un mari volage, brutal et absent, mais également très manipulatrice à l’endroit de ses enfants.
Le pluriel est, en effet, de rigueur puisque Emry a un frère de quelques années son aîné, Vincent, qui en devient tuteur et qu’il se voit contraint de suivre dans le collège semi-privé où il entame un nouveau travail: le Roserais.
La particularité de cette institution, située à Tadoussac, est qu’elle s’adresse en premier lieu à la communauté LGBTQ (à l’instar de certaines institutions situées à Toronto et New York). Le passé des deux hommes est également marqué par une tension toujours présente en filigrane: le scandale entourant la découverte de leurs premiers jeux sexuels, partagés ensemble.
La proximité des deux frères ravive donc le souvenir de ces premiers contacts, de même que la découverte d’une lettre posthume qui jette un nouvel éclairage sur leur filiation.
L’auteur, Alexandre Côté, inscrit son récit dans une atmosphère de style romantique, allant même jusqu’à rendre hommage à certains auteurs (Théophile Gauthier, par exemple), il ne faut donc pas se surprendre d’y relever des excès de passion, de souffrance, de nostalgie ou parfois même de mélancolie. C’est le propre d’un tel récit que cette recherche du bonheur au cœur d’un maelstrom d’émotions contradictoires.
Le style bien maîtrisé de l’auteur convie le lecteur à la découverte d’un univers fascinant, bien qu’exigeant, qui ne situe pas toujours dans le réel, mais parfois dans une trame narrative où le lyrisme le dispute à certaines exultations oniriques.
Les douleurs attenantes / Alexandre Côté. Lanoraie: Éditions de l’Apothéose, 2018, 214p.