Roman politique situé dans une Haïti contemporaine ultra catholique. On y partage le chemi-nement politique de Dieuseul Lapénuri, obscur fonctionnaire et grand coureur de jupons, que les manigances de sa femme font progressivement monter dans la hiérarchie, jusqu’au moment où son nom est évoqué pour occuper le poste de ministre au Ministère des Valeurs morales et citoyennes!
Dans le cadre d’une rencontre privée avec le Président, avant la confirmation de sa position, il se retrouve à genoux à lui tailler une pipe et pousse même le professionnalisme à tout avaler. Il ne sait que trop penser de cet événement et décide de tout oublier.
Son univers bascule cependant rapidement dans l’absurde, lorsqu’un attentat est perpétré à son endroit. Il découvre bientôt qu’on lui reproche un impair impardonnable qui déséquilibre la balance même du pouvoir entre les ministres.
On lui apprend que ce n’est pas tant le fait qu’il ait fait une pipe qui pose problème, puisque tous les ministres font de même, mais bien plutôt qu’il ait réussi à faire jouir le Président. On le somme de révéler sa technique, mais celui-ci est bien en peine d’identifier le coup de langue dont il aurait le secret.
Comble de malheur, le premier dossier qu’on lui confie porte sur la tenue du Festi Masi, un festival visant la promotion des droits LGBTQ, financé par les États-Unis, le Canada et l’Europe. Dire non serait un affront impardonnable aux grandes puissances!
Difficile également de rassembler ses idées pour discuter rationnellement de la question alors que le Président lui caresse les couilles, sous la table, en plein Conseil des ministres et qu’il est par ailleurs de plus en plus présent dans ses propres fantasmes!
Une farce jubilatoire et iconoclaste qui ne cesse de surprendre et de susciter des fous rires tant par l’amoncellement d’absurdités que par la justesse de la critique sociale et politique.
L’OVNI littéraire de l’été!
Masi / Gary Victor. Montréal – Mémoire d’encrier, 2018. 173p.