Sans aucun doute, l’une des séries de superhéros les plus iconoclastes qui soient publiées. Elle débute en 1999, dans le sillage de Stormatch (1993-) avec des personnages qui sont bien souvent une version stéroïdée de certaines figures iconiques du monde de la bande dessinée.
Saluée par la critique pour son extrême originalité de même que la complexité de ses personnages, la série écrite par Warren Ellis et dessinée par Bryan Hitch remporte le prix Outstanding Comic Book, en 2003 et 2004, décerné par Gay & Lesbian Alliance Against Defamation.
La dernière refonte de la série remonte à 2003 (les versions d’occasion se vendent d’ailleurs à prix d’or) et ce n’est que l’an dernier que Vertigo (une filiale de DC Comic) s’est enfin décidé à répondre à l’appel des fans. La publication du premier volume s’est faite à l’automne 2017 et c’est maintenant le tour du trépident volume 2 (selon moi le meilleur de la série).
Même si chacun des personnages de cette équipe de justiciers demeure fascinant, il n’en demeure pas moins que le cœur de celle-ci est articulé autour du couple Midnighter et Apollo, une version poussée à l’extrême, physiquement et amoureusement, de Batman et Superman.
Dans le premier volume, l’Authority s’est imposé comme une force redoutable qui, contrairement aux clichés habituels, ne s’attaque pas qu’aux monstres ou savants. Bien au contraire, elle intervient également auprès des hommes et femmes politiques qui abusent de leur pouvoir. Dans ce second volume, le G7 réduit tous les membres du groupe à l’impuissance, les soumet à de terribles tortures, et crée un nouveau groupe, cette fois-ci sous leur contrôle.
Tous? Non, puisque Midnighter agit dans l’ombre et entend bien délivrer ses compagnons, en commençant par celui qui occupe toutes ses pensées : Apollo!
Une bande dessinée de plus de 500 pages, à la fois magnifique et poignante, que ce soit visuellement ou psychologiquement. Le scénario alterne entre des moments d’action et d’émotion auxquels il est impossible de demeurer insensible.
Le thème de l’homophobie y est abordé de front et avec une violence et une véhémence rarement (ou jamais) évoquée. Le tout demeure cependant extrêmement humain et présente ainsi un maillage inhabituel entre brutalité et sensibilité.
On ne peut qu’espérer que DC poursuivre la réédition des séries subséquentes qui, bien que de qualité inégale, demeure toujours un régal!
Absolute Authority, Vol. 2 / Warren Ellis et Bryan Hitch. New York : Vertigo, 2018. 504p.