La scène se déroule dans le vestiaire d’une école secondaire où le narrateur est subjugué par le corps de Mathieu et par sa propre inadéquation au regard du parangon de masculinité que celui-ci constitue:
«Même en hiver / même dans le plus triste été / Mathieu semble bien / Il a toujours / quelques perles de sueur dans son cou / qui me donne chaud / Je trouve belle / sa mâchoire carrée / la taille de son sexe / la chaleur de sa peau / Devant lui / j’ai le corps tout croche / la voix toute grave / la démarche qui s’enfarge».
Nathaël Molaison nous présente une ode en deux temps: celle, jouissive, d’un corps masculin idéalisé et celle, plus tourmentée, de son propre corps. Paradoxalement, les deux résultent et exultent du même vecteur: le regard du narrateur.
À la fois toute en tendresse et en rudesse, âpre de ces condamnations que l’on aime parfois s’asséner, le récit nous entraîne au cœur d’une relecture des corps au rythme d’un adolescent qui se découvre.
Des muscles en fer forgée / Nathaël Molaison. Saint-Lambert: Soulières, 2018. 103p.