Une bande dessinée magnifique, dont le second volume vient tout juste de sortir de l’imaginaire fiévreux d’Axelle Lenoir (qui publiait à l’époque sous le nom de Michel Falardeau), dans laquelle ceux et celles qui ont connu l’école secondaire ou les camps d’été (bref, tout le monde), sauront bien se reconnaître.
Dans le volume 1, Élodie se voyait imposer de devenir monitrice de camp d’été alors qu’elle ne souhaite que demeurer en ville et travailler sur son projet de vie: se morfondre! Elle se retrouve donc au camp du Lac-à-l’Ours avec un groupe de fillettes rousses particulièrement turbulentes.
Elle a cependant l’impression que le directeur du camp cache quelque chose de sinistre et elle amorce donc une petite enquête à son sujet. Cependant, il y a pire que ce directeur aux intentions probablement diaboliques! En effet, à son grand effarement, elle partage le travail d’animation avec des collègues de classe: Bernier, le macho de l’école, Magalie, qui lève le nez sur tout, Stéphane, un geek insipide et, surtout, Catherine, une fille qui est à la fois belle, rieuse et pleine d’énergie. Bref, l’incarnation du mal sur Terre!
Le premier volume semblait laisser croire que, finalement, le calme le plus plat régnait au camp… jusqu’aux toutes dernières pages!
Le volume 2 nous fait donc pénétrer de plain-pied dans deux mystères. Le premier, porte sur des événements et des entités étranges qui bouillonnent au lac à l’Ours. Le second est encore plus insaisissable et touche à la nature de la relation qui se tisse entre Élodie et Catherine.
L’ensemble constitue un coup de cœur auquel il est impossible de résister tant par la qualité de la scénarisation et du dessin de Michel Falardeau que des couleurs époustouflantes qui insufflent la coloriste Cab (voir le saut de l’Ange à la page 21 du vol. 2).
Navigant habilement entre le quotidien de la vie en forêt, les personnalités très crédibles des personnages, un humour délicieusement décapant, le mysticisme de certaines scènes et la fragilité des émotions entre nos deux héroïnes, nul doute que l’on assiste à un quasi-état de grâce bédéesque.
Une petite pensée pour Michel Falardeau qui a récemment annoncé sa transition en tant que femme sous le nom d’Axelle Lenoir. Une nouvelle qui jette un éclairage sans doute révélateur sur son traitement des personnages féminins et des amours féminines et, peut-être bien, la tourmente vécue par Élodie elle-même.
L’esprit du camp / Axelle Lenoir (Michel Falardeau),Cab. Montréal: Studio Loonak, 2017-2018. 2 volumes