Réédition d’un ouvrage publié en 1982, Danseuses-mamelouk se compose de trois récits : La chienne de l’Hôtel Tropicana; Androgynes noires et Filles-commandos bandées.
Le terme « mamelouk » fait référence à une milice turco-égyptienne formée de guerrières esclaves qui, à partir du IXe siècle, étaient au service de différents sultans, mais prirent également le pouvoir à de nombreuses reprises au fil des siècles. Sa juxtaposition au terme « danseuses » revoie ici aux légions de danseuses nues, prostituées et actrices de porno, présentées dans l’ouvrage, au service d’une gent masculine peu encline à entendre leur parole ou à même considérée qu’elles en sont dotées.
Pourtant il est bien présent ce besoin et ce désir de parler, souvent sous une forme crue qui a cependant l’avantage de ne pas s’embarrasser de fioritures et de dentelles et d’aller directement au but. Le corps et l’esprit sont meurtris, mais le regard est clair, presque clinique : « Personne ne peut abuser d’elle, c’est déjà fait ».
Accompagnés de nombreuses photographies, croquées sur le vif au cœur de la scène locale, alternant entre prose et poésie libre, les trois récits constituent un véritable coup de poing qui, bien qu’ayant 38 d’âge, n’en conserve pas moins toute sa pertinence. L’abus change parfois de forme, il se présente souvent maintenant sous des atours plus convenables, mais il n’en demeure pas moins le même sous ses nouveaux oripeaux.
Danseuses-mamelouk / Josée Yvon. Montréal : Les Herbes rouges, 2020. 145p.