Un célibataire a porté plainte jeudi 23 juillet pour discrimination dans les procédures d’adoption à Paris, car sa situation familiale est selon lui invoquée par la préfecture pour lui refuser d’adopter un enfant français, a fait savoir son avocat, relançant la polémique sur les discriminations à l’adoption en France.
Depuis plus de dix ans, le dossier d’Hédi Sfaxi n’a jamais été sélectionné pour l’adoption d’un enfant français. Ce Parisien de 55 ans réunit pourtant les conditions d’accueil nécessaires, et est le père d’un enfant vietnamien qu’il a adopté en 2006. «On m’a toujours dit depuis cette époque: c’est pas la peine de demander des enfants français», raconte Hédi Sfaxi. Selon lui, «les dossiers des célibataires ne sont pas présentés par la préfecture aux conseils de famille», les instances collégiales dont l’avis est déterminant pour choisir une famille à un enfant.
Une pratique qui lui aurait été confirmée lors d’un rendez-vous avec la Direction départementale de la cohésion sociale de Paris en 2019. «Le directeur m’a dit que cette pratique ‘faisait jurisprudence”», assure Hédi Sfaxi. Sa plainte, adressée au parquet de Paris pour «discrimination en raison de la situation de famille» fait écho aux discriminations subies lors des procédures d’adoption par les couples homosexuels et les célibataires.
Malgré l’adoption par le gouvernement d’une charte de déontologie pour les conseils de famille, «ces discriminations existent dans toute la France, pas seulement à Paris, ou en Seine-Maritime», estime Hédi Sfaxi. Soutenu par les associations LGBT Stop Homophobie et Mousse, il porte plainte avec «l’espoir que les choses changent et que les idées préconçues pour que les célibataires et les couples de même sexe n’adoptent pas tombent».
«Cette action s’inscrit dans un mouvement national pour dénoncer ces discriminations», a confirmé son avocat, Etienne Deshoulières. «Le problème c’est que quand on évoque l’intérêt supérieur de l’enfant, on peut y mettre ce que l’on veut (…) et notamment des réflexions homophobes, opposées à l’homoparentalité ou aux célibataires», a-t-il ajouté, en dénonçant les argumentaires selon lesquels les enfants adoptés par ces familles pourraient le vivre comme «un traumatisme».