Jeudi, 28 mars 2024
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    En direct du passé : Pierre Laurel, travesti (1910), drague au théâtre Hollywood (1954) et incarcération pour embrassade interdite (1962)

    Une incursions dans les manchettes de différents journaux et magazines québécois au fil des siècles.

    30 juin 1910 – Pierre Laurel
    C’est dans les pages 1, 4 et 5 du Montréal qui chante du 30 juin 1910 que l’on retrouve des photographies de Pierre Laurel dont une où il est travesti en femme. Ce derniers est un acteur de théâtre et de cinéma français qui, à l’époque, s’est joint à une tournée d’une compagnie théâtrale française en sol canadien.

    Les photos furent prises au Théâtre National, la même institution qui a toujours pied à terre dans le Village gai de Montréal. On retrouve peu d’informations sur cet acteur, mais on peut présumer qu’il ne s’agissait pas de l’affirmation d’une identité précise, mais bien plutôt de la rigolade associée au fait de briser les tabous de genre.

    La chanson associée au costume porte le titre de « Celle qui vous aime » et se veut une bluette sur le thème de la beauté qui se trouve dans le regard de celui qui observe. La femme incarnée par Pierre Laurel se voulait donc l’illustration de la distance entre idéal féminin et grand amour. Soyons honnête, la scénette était avant évidemment destiné à susciter les rires et non pas à une réflexion existentielle sur les normes de beauté. Vous pouvez parcourir le numéro de la revue ici sur BAnQ numérique.

    27 novembre 1954 – Oui, mon chou, je t’attendrai au théâtre Hollywood ce soir!
    Qu’est-ce qui trame au Théâtre Hollywood et, avant toute chose, où était donc situé cette institution au nom si impressionnant?

    Eh bien, calmez vos ardeurs (ou échauffez-les, c’est à votre choix), puisqu’il s’agit non pas d’un grand palace disparu dédié au septième art, mais bien plutôt de l’ancien nom du Cinéma L’amour situé au 4015 boul. St-Laurent. À l’époque, il accueillait déjà une clientèle recherchant un lieu sûr pour y trouver le réconfort de bras vigoureux.

    Dans cet article d’Ici Montréal (pages 7 et 14) du 27 novembre 1954, on nous y décrit les manœuvres des constables de la Police de Montréal qui s’ingénie à dresser des guet-apens afin de pincer les délinquants la main dans le sac ou, pour être plus précis, dans la braguette d’un autre amateur de cinéma. L’article a cependant cela d’intéressant que, au-delà de son ton indigné, il décrit les stratégies de drague de l’époque et le type de clientèle qui fréquentait les lieux. Attente dans le couloir menant aux salles de toilettes, se tenir debout dans l’allée à l’arrière des places assises (sans doute pour avoir une meilleure vue de la clientèle et se diriger ensuite vers les WC avec le compagnon sélectionné). Dans les deux cas, se caresser l’entre-cuisse semble être le signal pour signifier son intérêt ou sa disponibilité. Deux spectateurs sont arrêtés : un homme âgé du nom de Ned Kronen et un laitier de 20 ans dénommé Fernand Gervais. On peut déduire des faits rapportés que le lieu semblent fréquentés par des anglophones et des francophones et que les tranches d’âges sont très variées. Le premier convint le juge Gendron n’avoir rien fait de répréhensible alors que le second a moins de chance et est condamné à un mois de prison. Vous pouvez lire l’article ici.

    16 juin 1962 – L’autre matin (3 h. AM), deux efféminés ont été arrêtés parce qu’ils s’embrassaient, au coin de la Main et de Ste-Catherine
    Cet article en page 6 du Ici Montréal du 16 juin 1962 illustre bien à quel point la société québécoise a fait du chemin. Je n’ai pas l’article sous les yeux et il n’est pas accessible en ligne, mais j’en garde en mémoire les grandes lignes lorsque je l’avais analysé il y a quelques années. Deux hommes s’embrasses au coin du boulevard St-Laurent et de la rue Ste-Catherine et le scandale est tel que les policiers les coffrent et les deux hommes sont, si je me souviens bien, condamnés à une peine de prison. Même constat chez les femmes. Le même journal, en page 11 du 23 novembre 1957 titre « Deux lesbiennes de Verdun se donnent en spectacle en auto ». Encore une fois, les forces de l’ordre interviennent pour juguler ce « crime atroce ». Gardons en tête que ces événements se sont déroulés il y a moins de 60 ans!

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