En attirant tous les regards depuis plusieurs mois, la pandémie de Covid-19 pourrait presque faire oublier que d’autres maladies sévissent toujours. À l’image du sida, dont c’était le 1er décembre dernier, la journée mondiale. Des traitements d’une nouvelle forme se profilent néanmoins.
Trente-huit millions de personnes vivent actuellement dans le monde avec le VIH, dont 12 millions attendent un traitement, comme le rappelle le programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (Onusida). L’organisation a publié la semaine dernière un rapport appelant «les gouvernements à renforcer considérablement leurs investissements en faveur des ripostes aux pandémies et à adopter une série d’objectifs courageux, ambitieux, mais réalisables concernant le VIH», dans le but d’éradiquer le sida en tant que menace pour la santé publique à l’horizon 2030.
Et la lutte contre le sida avait déjà accusé un relâchement avant l’arrivée du Covid-19, la pandémie a encore ralenti toute velléité d’accomplir des progrès. Les essais cliniques concernant de nouvelles molécules ont notamment pris du retard, car certains ont dû être interrompus, ou leur mise en place repoussée, en raison des contraintes sanitaires.
Longue durée d’action
Pourtant, sur ce front, une petite révolution se dessine, notamment avec l’arrivée de traitements à longue durée d’action. Selon plusieurs essais cliniques, la combinaison de deux médicaments, administrée une fois par mois, voire une fois tous les deux mois en injection intramusculaire, s’avérerait en effet aussi efficace que les traitements quotidiens actuels nécessaires à maintenir la suppression virale du VIH.
Cette combinaison de deux médicaments, approuvée cet automne par l’Agence européenne des médicaments et la FDA aux États-Unis, pourrait relever l’un des défis les plus difficiles de la lutte contre le sida, qui consiste à faciliter la prise régulière, constante et sur le long terme des traitements antirétroviraux.
Le problème principal de ces traitements à longue durée d’action, c’est la question de leur administration dans la vie réelle. Qui fera les injections? Que se passera-t-il lors des injections manquées? Et si un traitement incompatible devait être prescrit? Quelle sera la charge de travail pour les cliniques? À Montréal, où l’on trouve quelques cliniques spécialisées qui compte un grand nombre de personnes séropositives on peutt assumer que des personnes viennent tous les mois pour faire leurs injections, mais qu’en sera-t-il des sites hors de la métropole débordés par un grand nombre de patients?»
Plusieurs autres options thérapeutiques
Outre ces injections, d’autres options thérapeutiques pourraient également apparaître ces prochaines années, comme des implants avec une durée d’action persistant sur douze mois, mais aussi des traitements sous forme de patchs, d’anneaux vaginaux ou encore de systèmes gastriques.
En tout, une vingtaine de molécules anti-VIH sont actuellement en développement, fruits d’une connaissance toujours plus fine de la biologie moléculaire du virus. Les médicaments antiviraux actuels marchent bien, on peut donc se demander pourquoi chercher toujours mieux. Il s’agit ici de penser à tous les patients avec des virus multirésistants qui ont connu des échecs antérieurs, aux personnes pour qui la prise quotidienne d’un traitement affecte grandement leur qualité de vie, ou encore aux individus qui ne sont pas inclus dans les essais cliniques.
Un vaccin?
Quant à un éventuel vaccin, il ne semble malheureusement pas encore à l’ordre du jour. Si certains se demandent comment on a pu développer des vaccins contre le Covid-19 en une année et pourquoi on n’a toujours pas de vaccin contre le sida après quarante ans, cela est principalement dû au fait que le virus du sida mute sans cesse, ce qui rend le développement d’un vaccin particulièrement complexe.