Le dessinateur du Monde, Xavier Gorce a suscité la polémique avec la publication d’un dessin évoquant les personnes transgenres en termes problématiques.
Ce dessin représente un jeune pingouin, figure utilisée de façon récurrente par l’auteur, qui déclare à un autre : «Si j’ai été abusée par le demi-frère adoptif de la compagne de mon père transgenre devenu ma mère, est-ce un inceste?».
L’humour, utilisé autour de deux sujets très sensibles, pose déjà question, mais surtout, la réplique invite clairement à percevoir ces thèmes comme matière dérisoire. De vives réactions sont d’ailleurs apparues sur les réseaux sociaux, contraignant la direction de la rédaction du «Monde» à publier un message d’excuses, geste rare.
«Le Monde a fait paraître mardi 19 janvier, dans la newsletter ‘Le Brief du monde’, un dessin signé Xavier Gorce qui n’aurait pas dû être publié. Ce dessin peut en effet être lu comme une relativisation de la gravité des faits d’inceste, en des termes déplacés vis-à-vis des victimes et des personnes transgenres», a estimé le quotidien du soir.
«Le Monde tient à s’excuser de cette erreur auprès des lectrices et lecteurs qui ont pu en être choqués. Nous tenons également à rappeler notre engagement, illustré par de nombreux articles ces derniers mois, pour une meilleure prise en compte, par la société et par la justice, des actes d’inceste, ainsi qu’en faveur d’une stricte égalité du traitement entre toutes les personnes», ajoute Le Monde.
Devant ce qu’il qualifie de censure fu journal, le caricaturiste a annoncé qu’il cessait de travailler pour Le Monde «La Liberté ne se négicie pas». Et en entrevue avec le site français Le Point, il se dit victime de la culture woke très présente sur les réseaux sociaux :
« Dans ces espaces, la morale se substitue au réel, on ne se soucie plus de la justesse des choses, mais de leur moralité présumée. Cela prête le flanc à toutes les dérives. Le parallélisme avec les phénomènes d’inquisition n’est pas exagéré, les faits étaient jugés par un tribunal religieux, qui décidait de ce qui était conforme ou non à la bienséance et non au droit. Je croyais que nous étions débarrassés de tout cela, grâce à État – laïque – qui organise la séparation des pouvoirs et garantit la liberté de conscience comme d’expression. Sauf que l’on voit resurgir des tribunaux populaires qui se substituent à ces mécanismes de droit et s’arrogent le droit de dire ce qui est correct et ce qui ne l’est pas.Si les rédactions ne résistent pas à la pression des réseaux sociaux, que ce soit pour des raisons d’image ou par peur des campagnes de dénigrement aux implications économiques, elles peuvent être tentées de faire table rase des choses jugées incorrectes ou offensantes comme peut parfois l’être le dessin de presse. C’est ce même phénomène qui a conduit le New York Times à renoncer aux caricatures pour ne plus avoir à affronter de situations difficiles… les équipes ont décidé de supprimer les dessins. J’espère que la culture woke présente dans la presse anglo-saxonne dite de gauche n’est pas en train de déteindre sur la presse française… »