Depuis environ cinq ans, chaque fois qu’on publiait dans Fugues un article qui mentionnait la recherche sur le sida ou l’effet bénéfique des thérapies dans la vie des personnes vivant avec le VIH/sida, nous recevions par courriel ou texto un message de reproches, de bêtises, voire de menaces de la part de Bernard Lachance.
Nous n’étions pas les seuls à recevoir l’attention de Bernard. Son ancien médecin traitant, Réjean Thomas, lui aussi se faisait harceler et dénigrer par lui sur les réseaux sociaux…
Ne voulant pas «enrichir les grandes pharmaceutiques», et en niant les évidences liant le VIH au sida, Lachance avait cessé depuis un peu plus de 3 ans de prendre ses médicaments, qui réduisent le VIH à une maladie chronique avec laquelle on vit. Il aurait investi des milliers de dollars dans des produits naturels pour purger son corps des médicaments. Sans surprise, il est décédé le mardi 11 mai des suites du sida.
Sa sœur Lise en a fait l’annonce sur sa page Facebook : « Je vous informe du décès, ce matin, de mon frère Bernard qui allait avoir 47 ans en juin. Son déni du VIH l’aura mené à sa mort. »
Bernard Lachance n’est pas le seul complotiste du sida (ou de la COVID-19, qu’il croyait aussi être un complot «associé à celui sida»), d’autres comme lui n’ont d’ailleurs pas hésité à vandaliser la page de la sœur de Lachance et de la traiter de tous les noms parce qu’elle avait osé dire — l’évidence qu’ils se refusent d’accepter — que le déni a tué son frère.
Avec deux albums en français (Seul en 1998 et Ad Libitum en 2000) et un album en anglais (While I Remember You, en 2005), Bernard Lachance a frôlé la célébrité et le succès dans le monde de la chanson qui le passionnait. On a beaucoup parlé de lui à cause de ses stratégies de promotions vente de billets en direct et de ses t-shirts reproduisant le plan de la salle de spectacles pour vendre son spectacle au Centre Bell et un autre à Toronto.
Fugues l’a interviewé à deux reprises et Lachance a même été invité à l’émission d’Oprah Winfrey en 2009. Mais sa carrière comme chanteur ne fut pas de longue durée et il est vite tombé dans l’oubli.
Dans les dernières années de sa vie, il n’aura réussi à susciter l’intérêt (ou l’incrédulité, c’est selon) et une micro-célébrité qu’auprès de la communauté des complotistes.