Mardi, 12 novembre 2024
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    5 ans après son coming-out, Moe Hamandi devient VP de Fierté MTL

    À l’été 2016, Moe Hamandi a été victime d’une agression homophobe dans un autobus de nuit montréalais. Bien décidé à ne pas laisser la violence le réduire au silence, il a fait son coming-out sur la scène de Fierté Montréal en août du même été, avant de contacter ses parents, qui vivent toujours au Liban, pour leur en parler. Cinq ans plus tard, le voici plus impliqué que jamais dans le mouvement LGBTQ+ en tant que nouveau vice-président de Fierté Montréal.


    L’été suivant ton coming-out, en août 2017, tu as organisé et animé un méga spectacle rassemblant 65 artistes sur la scène de Fierté Montréal, au Parc Émilie-Gamelin. Comment as-tu réussi ça?
    Je sentais que la diversité culturelle n’était pas assez présente dans la programmation de Fierté Montréal, même si les spectacles étaient très diversifiés. J’ai donc contacté Jean-François Guèvremont, alias Rita Baga, qui s’occupait de la programmation, pour lui proposer de rassembler une multitude d’artistes LGBTQ+ et d’allié.es issues des communautés culturelles. Je n’avais alors personne de booké. Jean-François m’a demandé comment le show allait s’appeler, alors j’ai pensé au 375e anniversaire de Montréal, à la cité de la diversité, et j’ai sorti tout bonnement Ethnicité. Il m’a alors annoncé qu’un spectacle venait d’être annulé et que je l’avais convaincu! Il m’a ensuite donné un budget et laissé carte blanche pour tout monter! Heureusement qu’il connaissait mon parcours professionnel. Il savait à qui il avait affaire.


    Parlons de ton cheminement. Tu as 31 ans. Tu es né à Beyrouth, au Liban. Quelles études as-tu faites là-bas?
    J’ai étudié à l’Université Saint-Joseph, un bac en sciences économiques. C’était l’un des campus les plus politisés, impliqués et engagés dans la société au pays. Je faisais d’ailleurs partie de plusieurs comités à l’école, en plus de suivre des cours de théâtre et de chant. Je jonglais entre l’artistique, le politique, le social et l’économique.


    Quand et pourquoi as-tu choisi d’immigrer au Canada?
    J’ai emménagé ici en 2009-2010, mais je dis toujours que je n’ai pas choisi le Canada. À la base, je voulais partir en France avec mon ex-copain franco-libanais. J’avais rempli tous mes documents en ligne. Par contre, ma sœur habitait à Montréal depuis très longtemps et elle avait entamé des procédures de parrainage familial. Quand j’ai reçu la résidence permanente en 2009, ça a été un choc pour moi! Mes plans venaient de changer complètement. Au lieu de partir vers l’Europe, j’ai fait ma valise pour l’Amérique du Nord.


    Quelles ont été tes premières impressions?
    À mon arrivée, je n’étais pas content. Je ne voulais parler à personne. J’ai mis du temps avant d’accepter d’être ici, d’aller vers les gens et d’apprendre à connaître la culture locale. À l’époque, dans les pays arabes, on entendait parler du Québec comme d’un endroit anglophone. Ma sœur était la seule qui contredisait ça puisqu’elle connaissait bien la ville. Moi, je n’avais pas une grande connaissance de la francophonie québécoise.


    Tu as poursuivi tes études à l’Université de Montréal. Sur quoi portait ton mémoire de maîtrise?
    Sur l’influence des croyances religieuses sur le développement économique et l’identité socioculturelle des différentes communautés libanaises à Montréal et à Beyrouth. J’ai pris des échantillons parmi les musulmans, les chrétiens, les chiites et les sunnites pour voir à quel point la religion avait un impact sur leurs valeurs et leurs comportements économiques. Dans le cadre de mon mémoire, j’ai d’ailleurs réalisé une entrevue à la radio Moyen-Orient de Montréal, où j’ai ensuite eu mon premier emploi québécois.


    Quelles ont été tes autres expériences professionnelles?
    Pendant environ trois ans, j’ai fait de la figuration sur des plateaux de tournage, de l’orga-nisation d’activités de théâtre avec des jeunes et de l’animation marketing dans les centres commerciaux. Ensuite, j’ai été conseiller VISA au service à la clientèle chez Desjardins et conseiller en finances personnelles à la Banque Nationale, avant de faire ma place au Fairmont Le Reine Elizabeth: d’abord comme gérant des ventes en événementiel, puis comme délégué commercial au développement des affaires, avant d’ajouter l’expérience client. Aujourd’hui, je suis gestionnaire principal des relations avec les partenaires, au Centre canadien pour la diversité et l’inclusion.


    En 2020, tu as été désigné représentant communautaire à Fierté Montréal, quelques mois seulement avant d’être nommé vice-président de l’organisation. Pourquoi ce désir d’implication?
    Je voulais créer des ponts plus solides entre Fierté Montréal et les différentes communautés. Je suis arrivé avec la vision que Fierté appartient aux communautés. Je suis Arabophone, Libano-Québécois-Canadien, une identité qui ressemble au melting-pot qu’est Montréal. J’ai envie de transmettre mes connaissances sur la diversité et l’inclusion pour que Fierté Montréal demeure le plus grand rassemblement des Fiertés de la francophonie.


    Tu es arrivé en pleine tourmente, après le départ du président et fondateur Éric Pineault en raison d’allégations de nature sexuelle. Comment as-tu vécu tes débuts?
    Durant les premiers mois, j’ai consacré environ 20 heures par semaine en implication béné-vole dans l’organisation. En août 2020, le conseil d’administration s’est transformé en cellule de crise. Il fallait soutenir les employés, reconstituer le C.A. et repenser la gouvernance de l’entité et les règlements généraux. On a créé des comités Ressources humaines, Finances et Gouvernance dans le C.A. J’ai adoré participer à tout ce travail. Ça m’a rapproché de l’équipe. On a surmonté de grands défis pour rebâtir la base de l’organisation.

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