Que serait la danse à Montréal sans Louise Lecavalier ? Considérée par beaucoup comme une véritable icône, on ne se lasse pas de la retrouver sur scène et d’être étonné toujours et encore de cette intensité qui l’habite. La chorégraphe ne cesse d’emprunter non pas de nouvelles avenues, mais des chemins de traverse défrichant pour nous pour notre plus grand plaisir des espaces intérieurs méconnus.
Il en aurait fallu bien plus qu’une pandémie pour décourager Louise Lecavalier et lui faire quitter un studio. Le virus du mouvement ne l’a jamais quitté, une nécessité impérieuse de s’exprimer avec son corps et d’atteindre de nouveaux rivages, en partageant avec nous la traversée, avec les calmes plats comme les tempêtes. C’est ce que l’on (re)découvrira avec Stations, présenté à l’Usine C.
Louise Lecavalier est en quête perpétuelle et elle sait que cette quête n’aura jamais de fin, tant qu’elle pourra l’exprimer, la transfigurer par le geste. «Danser pour moi, c’est ma façon de ressentir le monde et comme tout me touche, je tente d’exprimer ainsi ce rapport au monde, nous confie-t-elle, je suis en perpétuel questionnement». Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’exploration de la danseuse ne s’inscrit pas dans une démarche formelle. Tout le contraire puisqu’elle part avant de ses propres intuitions qui vont définir la forme à venir, à peaufiner.
«Je souhaitais faire une pièce unique sans rupture, continue la chorégraphe, mais très vite se sont imposées ces quatre pôles lumineux, comme je les appelle, ou encore quatre pôles et demi puisque la dernière station se finit par une ouverture où je bouscule ce que j’ai fait précédemment». Cette fin en forme d’ouverture pourrait annoncer une suite, un prochain opus dans les mois qui viennent. «Je ne décide jamais rien quand j’entre en studio, je danse puis petit à petit quelque chose se met en place, explique Louise Lecavalier et, à partir de là, on peut dire que je construis une chorégraphie, que j’intellectualise».
La danseuse ne sait d’où lui vient cette fougue qu’elle nous communique. Mais depuis son adolescence, cet état ne l’a jamais quitté. Elle y puise sans aucun doute son vocabulaire chorégraphique, singulier, étonnant et percutant. Seule en scène, Louise Lecavalier nous entraîne à sa suite, nous déstabilise sur nos fauteuils et vient directement nous toucher au cœur et à l’âme, que demander de plus.
Et quand elle sort de scène, Louise Lecavalier ne sent pas exténuée, bien au contraire. «Je ressens comme un immense plein, plus je donne, plus je reçois !».
Stations de Louise Lecavalier
À l’Usine C, les 17, 18, 21, 22, 24 et 25 septembre 2021
www.usine-c.com