Ma playlist du temps des Fêtes «d’antan»

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Julie Vaillancourt
Julie Vaillancourt

Vous souvenez-vous du temps des fêtes «d’antan»? Vous savez, celui de l’époque où plusieurs personnes se rassemblaient en un même lieu sans masque? Avant que le Purell ne devienne la nouvelle eau bénite qui siège en reine à l’entrée de tous les commerces-églises du Québec? Avant que le réchauffement climatique fasse fondre les bordées de neige qu’il y avait à Noël au Québec? Quand on entendait à la radio Les anges dans nos campagnes avec sa p’tite phrase en latin, ou encore Céline Dion qui chante Noël?

Je me souviens – question de placer notre devise et de contrer l’amnésie collective, mais également de tenter de célébrer sous le signe de la joie, cette période des Fêtes qui, espérons-le, sera comme celles «d’antan». D’abord, commençons par ce qui nous préoccupe à Noël dans cette société matérialiste : les cadeaux (qu’ils soient reçus ou offerts). Oh! la bonne nouvelle, c’est que cette année, on va certainement pouvoir aller magasiner sans être obligé de faire la file pendant trente minutes juste pour entrer dans la boutique! Vous vous rappelez? S’ensuit un lavage de main exhaustif, de la buée dans les lunettes qui vous empêche de voir les produits et, dans mon cas, vite chercher les toilettes (le temps passe, la vessie se remplit) qui sont bien sûr fermées, car il ne faut surtout pas les «infecter».

Vraiment? Tout ça pour dire que le magasinage en temps de pandémie, ce n’est pas le fun pantoute! Sans compter qu’on ne peut pas essayer les vêtements… Acheter des pantalons sans les essayer, c’est à vous déhancher de rire, avec les hanches qui fittent une fois sur deux; n’est-ce pas, mesdames?Le temps d’une dinde. Continuons avec ce qui nous préoccupe, non seulement à Noël, mais à tous les jours de l’année : M-A-N-G-E-R. D’abord, le même principe s’applique que pour le magasinage : on espère ne plus jamais avoir à faire la file devant un commerce d’alimentation. Surtout quand vous avez faim et qu’à l’ère pandémique, les dégustations sont un concept d’antan. Dommage. Qui n’aime pas la bouffe gratuite? D’ailleurs, je ne sais pas pour vous, mais la majorité des gens ont pris 10 à 15 livres durant la pandémie… Et là, on voit la lumière au bout du tunnel, et on s’empresse de se (re)mettre à table, en groupe. C’est quand même drôle, l’être humain. Ça va être étrange, ces rencontres-là au réveillon, entre les pro-Purell et les anti-Purell… et de quoi auront l’air les buffets? Est-ce que tous vont enfin se laver les mains avant de piger dans les p’tites sandwichs pas de croute? On pourra dire que la pandémie nous a appris certaines choses. Qu’elle nous a fait «évoluer». Ave Maria.

Certainement, la chose que l’humain aime le plus à Noël, c’est de se rassembler. Ça lui permet de bouffer, de boire et de donner (ou recevoir) des cadeaux. Ça lui permet d’échanger aussi. Les enfants oubliés. Longtemps, la période de Noël a été pour moi une source d’anxiété, dans le sens où les soirées des Fêtes ne faisaient qu’exacerber ma marginalité. Entre le bœuf et l’âne gris. Enfant unique, je me pointais avec mes parents au gros party de famille organisé par mes grands-parents, du temps de leur vivant. Étant la plus jeune des enfants, j’étais toujours avec des adultes qui, eux, avaient toujours leur conjoint. J’emmenais parfois une amie. On me posait toujours la sempiternelle question : «As-tu un p’tit chum?» Maudit que ça me gossait! Je ne peux pas dire que j’étais consciente de mon lesbianisme, parce que je ne me posais pas la question, parce que «Julie préférait la course», mais je me sentais toujours looser de devoir répondre non, voire décalée de ne m’être guère posé la question. C’est peut-être, au final, une des seules choses qui ne me manque pas des Noëls «d’antan». Ça, pis les fèves au lard pas assez cuites de ma grand-mère au jour de l’An… Sinon, je me demande si c’est la même chose pour les jeunes filles d’aujourd’hui : c’est sûr qu’il doit y avoir plus de variété… Et je ne parle pas des fèves au lard, mais des questions posées (et des réponses obtenues). À savoir s’ils posent vraiment les bonnes questions et si la réponse les intéresse vraiment, ça, c’est autre chose. J’ai vu maman embrasser le Père Noël. Ou si c’est juste pour avoir un.e autre membre de la famille à ses côtés pour s’humilier à faire du karaoké sur Vive le vent.

C’est certain que ce qui nous manque le plus à Noël, c’est la neige. Je blague. Bien que j’haïsse pelleter et que je ne sois pas fan de l’hiver, je n’ai pourtant pas l’impression que voir le Père Noël arriver en surf me met dans l’esprit des Fêtes. Un beau Noël blanc a quelque chose de féérique et d’apaisant. C’est avant tout ce que je nous souhaite, ce que je vous souhaite en cette période des Fêtes. Glory Alleluia. Pour bien commencer l’année et mettre la pandémie de côté (si c’est possible), pour mettre de l’avant la gratitude, celle qui favorise la résilience et qui nous fait continuer. Un peu à l’image de nos communautés LGBTQ+; constater les avancées passées, sans les négliger, pour mieux avancer. Les traces du traineau du Père Noël dans la neige sont éphémères et le chemin s’efface peu à peu. Pourtant, année après année, on l’attend. Père Noël arrive ce soir… En vous souhaitant du Purell à profusion, mais surtout un joyeux Noël et un bon début d’année 2022!

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