On ne la voyait plus depuis des années. La fresque dédiée à la mémoire de Ron Farha, fondateur de la Fondation du même nom, logées sur le mur nord de l’édifice au coin de Wolfe et Sainte-Catherine, avait été finalement cachée par les murs de la Galerie Blanc. Grâce à une initiative citoyenne et sous le coup de pinceau de l’artiste muraliste XRay (Bryan Lanier), la fresque réactualisée est maintenant visible rue Beaudry à l’angle de Sainte-Catherine (sur le mur du Couche-Tard).
Peinte quelques temps après la mort de Ron Farha (1956-1993), par des jeunes d’un programme de Spectre de rue, la fresque était tombée dans l’oubli et se dégradait constamment. En cette année où l’on marque les 40 ans de l’existence du VIH-sida, il est bon de rappeler ces Montréalais qui se sont battus contre la maladie, contre la discrimination et contre la société pour améliorer le sort de leurs semblables.
Notre confrère, Denis-Daniel Boullé, Michel Bélanger (ex-directeur des communications de la Fondation Farha) et le sociologue Gabriel Girard sont à l’initiative de la préservation de cette mémoire. «Nous trouvions triste que ce témoignage de ce que le sida a été et est encore à Montréal disparaisse ainsi. Triste aussi pour le souvenir de la mère de Ron, Evelyn Farha (1925-2018) qui, avec la Fondation créée par son fils, a remis près de dix millions de dollars aux organismes sida québécois». On se souviendra, entre autres, parmi les événements organisés par la Fondation, de l’emblématique «Ça Marche», la marche annuelle qui réunissait plusieurs dizaines de milliers de personnes au centre-ville de Montréal pour amasser des fonds.
Les trois complices sont allés frapper à plusieurs portes, dont l’arrondissement de Ville-Marie et des organismes susceptibles de les soutenir dans leurs démarches. «L’arrondissement nous a soutenu dès le départ pour dégager les fonds, continue Denis-Daniel Boullé, mais avec la pandémie la suite a été très compliquée et le projet a été retardé avec deux ans de sur place.»
Le petit miracle viendra d’une collaboration étroite avec l’organisme MU qui a fait que les choses se sont accélérées. «En septembre dernier, nous avons trouvé un emplacement idéal et MU a fait le reste, précise le chroniqueur Denis-Daniel Boullé. Et là, tout est allé plus vite, le choix de l’artiste Bryan Lanier (à qui l’on doit une des autre murale du Village, la murale «Restoration» l’ancien édifice de Fugues rue Atateken, Coté sud), la maquette présentée par celui-ci réinterprétant l’ancien concept et le tout dans un temps record.»
Il remercie les sœurs de Ron Farha pour leur patience, elles qui ont été consultées tout au long du processus, ainsi que le soutien indéfectible de Robert Beaudry, conseiller de Ville du district de Saint-Jacques. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas Ron Farha, celui-ci était un homme d’affaires montréalais d’origine libanaise œuvrant dans l’entreprise familiale de lingerie féminine. Le jeune homme contracte alors le virus du sida. Il tombera vite malade après l’annonce de sa séropositivité. Il décède en juillet 1993. Avant son décès, il met sur pied une fondation pour venir en aide aux personnes malades (en majorité des jeunes hommes gais comme lui) qui, rappelons-le, s’en allaient presque inévitablement vers la mort puisqu’il n’y avait pas, comme aujourd’hui, toute une panoplie de traitements… «Ron Farha n’aura pas vu la première édition de la marche puisqu’il est décédé quelques mois auparavant, laissant derrière lui un héritage d’espoir et de détermination dans la lutte contre le VIH/SIDA. Le cœur lourd, c’est sa mère Evelyn et ses sœurs qui ont pris le flambeau pour continuer l’œuvre», rappelle Denis-Daniel Boullé.
INFOS | Pour inscription : Mario Legault à l’adresse courriel [email protected]
Centre St-Pierre, salle 100 – Marcel Pépin, rez-de-chaussée, 1212, rue Panet
(entre rue Ste-Catherine et boulevard René-Lévesque).