Ce n’est que depuis l’an dernier, même s’il y eut préalablement quelques rares incursions, que les films de Noël à thématique LGBT ont pointé leurs museaux sur le petit écran. D’un même souffle, diverses chaines ont présenté Happiest Season(Notre plus belle saison), avec Kristen Stewart, le délicieux Dashing in December, avec Peter Porte, Juan Pablo Di Pace et Andie MacDowell ainsi que The Christmas House, The Christmas Setup et A New York Christmas Wedding.

Une augmentation substantielle donc, au regard du désert quasi saharien des précédentes années et 2021 n’est pas en reste puisque Netflix dépose au pied du sapin sa toute première production originale de Noël à thématique gaie : Single all the Way (une référence au « jingle all the way » de la chanson Jingle bell).

La prémisse est relativement simple. Célibataire depuis déjà de nombreuses années, Peter (Michael Urie) se voit chaque Noël contraint de subir le regard compatissant de sa famille devant son statut de « non amoureux ». Cette année, après avoir rompu avec son nouveau petit ami qui s’avère non seulement marié avec une femme, mais également père de deux enfants, il décide de mettre en place une stratégie pour court-circuiter les sempiternelles conversations autour de sa vie sentimentale.

Il propose donc à Nick (Philemon Chambers), son colocataire et ami de toujours, de l’accompagner aux fêtes et de se faire passer pour son conjoint, invoquant qu’ils se seraient finalement trouvés après toutes ses années d’amitié platonique. Dès leur arrivée, le plan s’écroule cependant puisque sa mère, Carole (Kathy Najimy), lui a arrangé un rendez-vous avec son instructeur de gym, James (Luke Macfarlane). Peter trouvera-t-il l’amour entre les bras de James ou Nick se révélera-t-il l’élu qui se cachait dans l’ombre pendant toutes ces années? Poser la question est un peu y répondre.

La structure des films de Noël est la même depuis environ 2 000 ans : un personnage principal ne croit plus en la magie Noël, mais va finalement en redécouvrir l’esprit, de même que l’amour au passage, dans les jours précédant le 25 décembre. Une variation audacieuse (c’est ici du sarcasme), est un protagoniste désabusé par l’amour, mais qui ne peut finalement résister à ses filets et à l’esprit des fêtes, dans les jours précédant les célébrations de Noël. Bref, c’est un peu l’œuf ou la poule ou, dans le contexte de Noël, l’œuf ou le lait de poule.

Single all the Way (De gauche à droite : Michael Urie, Kathy Najimy et Luke Macfarlane)

Le scénariste, Chad Hodge, et le réalisateur, Michael Mayer, ont à la fois décidé de puiser à même leurs expériences d’homme gai, pour tisser une trame relativement nuancée des relations de couples et familiales, et d’investir à fond les lieux communs du genre tout en navigant astucieusement à travers les clichés et parfois même, en les confrontant.

En effet, le personnage de la mère (Carole) intervient à de nombreuses reprises pour reprendre les membres de la famille qui complotent pour réunir Peter et Nick afin de leur rappeler que leurs manigances ne fonctionnent qu’au cinéma et que ce n’est pas parce que deux hommes s’adonnent à être gais et amis qu’ils doivent nécessairement former un couple. Évidemment, personne ne porte attention à ses mises en garde.

Par ailleurs, dans un scénario classique, le personnage de James, le rival amoureux potentiel, serait présenté comme un tantinet détestable alors qu’il est ici littéralement irrésistible. Le spectateur est donc partagé, bien que jamais véritablement mystifié, entre deux feux tout aussi voluptueusement incandescents.

Ce qui change la donne tient avant tout à la candeur irrésistible du récit, auquel on se plait à croire, de même que dans la qualité d’interprétation de la distribution. Le jeu de Michael Urie et Philemon Chambers est particulièrement convaincant et nuancé et offre ainsi des moments relativement émouvants sans jamais verser dans le pathos dégoulinant de cannelle habituellement associé au genre. Il faut également souligner que presque tous les personnages secondaires, en particulier du côté des rôles féminins, sont singulièrement bien étoffés.

À ce sujet, difficile de ne pas souligner la présence de Jennifer Coolidge qui interprète une tante alcoolique, complètement à côté de ses pompes, qui tente de renouer avec son passé d’actrice en montant, sur une scène locale, sa vision personnelle et parfois légèrement terrifiante, d’une scène de la nativité. L’actrice surjoue intentionnellement chacune des interventions du personnage pour qui la réalité constitue avant tout une scène destinée à lui permettre de briller de mille feux.

Sans réinventer la roue, on se surprend à plonger avec plaisir dans l’univers ainsi présenté où la découverte de l’amour ne tient parfois qu’à une photo où un modèle exhale une bouffée d’air chaud au cœur de la froidure hivernale.

Fait à noter, le film a été tourné au Québec, plus précisément à Griffintown, et dans les Laurentides. À titre d’exemple, bien que théoriquement située à Los Angeles, la boulangerie présentée en ouverture du film tient plutôt ses assises rue Notre-Dame Ouest, à Montréal (le café Maman).

Le pub où Peter et James se rencontrent pour la troisième fois est, quant à lui, le McKibbin’s, situé rue Bishop, alors que leur premier rendez-vous se déroule au restaurant Maison 1890, à Sainte-Agathe-des-Monts. C’est également la rue Saint-Vincent de la même localité qui fait office de rue principale du village fictif de Bridgewater. La maison familiale, quant à elle, est située à Pointe-Claire, dans l’ouest de Montréal.

Au niveau de la distribution, les figurants sont tous québécois et Victor Andres Trelles Turgeon (L’échappéeM’entends-tu ?) interprète le conjoint de la sœur cadette de Peter. Bref, avec un regard aiguisé, les téléspectateurs québécois seront en mesure de reconnaître certains lieux et commerces, bien que le travail de reconstitution d’une petite ville typique du New Hampshire soit remarquable.

Le film est disponible en langue originale anglaise ainsi qu’avec un doublage français réalisé en France. Certaines subtilités et éléments propres au contexte nord-américain n’ayant pas toujours bien résisté à la transition, la version originale est suggérée.

Single all the Way = Que souffle la romance / Michael Mayer. (2021) Sur Netflix.

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