Même si les mœurs ont beaucoup évolué au cours des dernières décennie, la divulgation aux parents d’une orientation sexuelle différente demeure encore une étape parfois délicate à franchir selon les parents. C’est le propos de la réalisatrice canadienne Anne Wheeler dans Better than Chocolate, une comédie romantique conjuguée au féminin que vous pouvez voir gratuitement sur le canal Encore + du Fonds des médias du Canada.
Maggie (Karyn Dwyer), 19 ans, travaille dans une librairie de Vancouver harcelée par les douanes. Le jour où elle rencontre Kim (Christina Cox), une artiste vivant dans une camionnette bariolée, sa mère, Lila (Wendy Crewson), débarque chez elle avec son jeune frère (Kevin Mundy), tout juste plaquée par un mari parti séduire de jeunes demoiselles de l’âge de sa fille.
Ajoutez à ça une femme transgenre (Peter Outerbridge) à la veille de l’opération finale, amoureuse de la patronne de Maggie (Ann-Marie MacDonald) et qui devient la confidente de Lila. Tiraillée entre sa liaison avec Kim, la défense de la librairie menacée par l’homophobie, et la crainte que sa mère, dépressive mais néanmoins combative, ne découvre qu’elle est lesbienne, la jeune fille doit mettre de l’ordre dans sa vie tout en entamant une relation
passionnée avec Kim.
Le film d’Anne Wheeler n’est pas sans défauts et la cinéaste aurait pu se permettre un peu plus d’inventivité. Avec ses intrigues entrecroisées et son vernis artistique west-coast, cette gentille comédie est du même acabit que les sitcoms Will and Grace ou Ellen. Mais si l’emballage ne brille pas par son originalité, ce qu’il renferme était et reste encore assez révolutionnaire, parce que présenté de façon on ne peut plus classique, et visant directement le grand public. Une mère de famille découvrant les plaisirs solitaires du dildo à piles, un transsexuel embrassant une lesbienne qui a peur de l’amour, les clientes d’un bar applaudissant deux jeunes femmes qui viennent de faire l’amour dans les toilettes: au-delà de ses scènes, Better Than Chocolate dégage un plaisir communicatif à faire vivre ces personnages hors normes.
Avec ce film de 1999, Anne Wheeler signe une comédie romantique pétillante, pleine d’entrain et sans complexes, un divertissement bien intentionné porté par quelques superbes figures comiques et quelques forts instants dramatiques. Wendy Crewson est délicieuse en quadragénaire qui prend sa revanche (le genre de rôle qu’aurait tenu Sally Field si le film s’était fait à Hollywood), et l’interprétation est généralement à la hauteur. Et le numéro de cabaret, où Judy chante I’m not a fucking drag queen, trône au sommet du film, comme la preuve inespérée que l’humour, l’amour et le sexe, sont bien meilleurs que le chocolat. Un feel-good movie à voir ou revoir pour la Saint-Valentin…
INFOS | Ce film canadien ainsi que plusieurs autres sont offerts gratuitement sur encoreplusmedia.ca