L’ex-politicien de 56 ans était accusé pour des agressions sexuelles qui remontent à janvier 2014 et novembre 2015. Arrêté en mai 2020, l’ancien chef du Parti Québécois était en liberté depuis. Les deux plaignants, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, étaient présents sur les lieux.
Ces crimes ont été commis quelques mois après la fin du mandat d’André Boisclair comme délégué général du Québec à New York.
Boisclair, qui a dirigé le Parti québécois de 2005 à 2007, a enregistré son plaidoyer de culpabilité devant le juge Pierre Labelle qui rendra sa décision le 18 juillet prochain.
La défense de même que la Couronne ont suggéré une peine commune de deux ans moins un jour d’incarcération. Il s’agit d’une suggestion « raisonnable » compte tenu de la jurisprudence, a fait valoir le procureur Me Jérôme Laflamme. Cette proposition tient en compte l’impact « important » sur les victimes et la reconnaissance de culpabilité de l’accusé.
Le procureur de la Couronne, Me Jérôme Laflamme a rappelé les faits
En janvier 2014, l’accusé invite chez lui la victime, rencontrée sur les réseaux sociaux. Le jeune homme le prévient d’emblée qu’il ne désire pas avoir de sexe anal. À son arrivée, deux hommes sont déjà là, en plus d’André Boisclair. L’un d’entre eux quittera l’appartement, mais un autre prendra sa place. La victime consent d’abord à certains gestes sexuels. Le comportement d’André Boisclair change après avoir consommé de la drogue. Il devient « plus directif » et parle de sodomie, ce que refuse de faire la victime. C’est alors qu’André Boisclair demande aux deux autres personnes présentes de saisir le jeune homme et de le pénétrer. L’ex-député tient alors la victime par le torse pendant qu’un des deux hommes tente de pénétrer la victime qui se débat. Comme l’agresseur n’arrive pas à pénétrer sa proie, il dit à tout le monde : « On le lâche. » La victime avait l’impression que l’accusé était sous l’effet des drogues et que l’accusé, entre guillemets, ne semblait plus là dans sa tête. Les complices n’ont jamais été identifiés. Cette agression a marqué fortement le jeune homme qui « admirait » André Boisclair, comme homme politique. Depuis, il fait des cauchemars : «je suis envahi par la peur. J’ai eu des idées pour m’enlever la vie », a-t-il énuméré. Son rêve de faire de la politique a été transformé en « aversion » envers cet univers.
La deuxième agression est survenue en novembre 2015, également au domicile de l’accusé. André Boisclair a plaidé coupable à un chef d’agression sexuelle dans ce dossier. L’ex-politicien a rencontré la victime — un jeune homme —, sur une application de rencontre. Après une heure de discussion, la victime s’apprête à partir quand l’accusé commence à l’embrasser, un geste « consensuel ». Or, André Boisclair se fait plus entreprenant et s’agenouille devant la victime, lui défait son pantalon et amorce une fellation. La victime lâche : « Je ne crois pas… », sans toutefois terminer sa phrase. L’accusé a interrompu son geste, et la victime remonté son pantalon. Mais André Boisclair entraîne le jeune homme sur le lit et l’allonge sur le ventre. Bien que ce dernier lui demande d’arrêter, André Boisclair poursuit en baissant le pantalon du jeune homme. La victime lui demande à nouveau d’arrêter. Rien n’y fait, Boisclair poursuit ses gestes sexuels. La victime « fige », mais finit par dire : « Arrête » une troisième fois. Et Boisclair finalement cesse.
Jugement « considérablement altéré »
Avant la première agression, André Boisclair consommait des médicaments et des stupéfiants. Il avait été victime d’« allégations diffamatoires » quelques mois plus tôt, a indiqué son avocat, Me Michel Massicotte. «Son jugement sera considérablement altéré », a souligné Me Massicotte.
Depuis son arrestation, André Boisclair a entrepris une thérapie spécialisée en toxicomanie et s’est soumis à des dizaines de tests de dépistage. André Boisclair a choisi de ne pas s’exprimer devant le juge. L’ancien élu n’a émis aucun commentaire devant les journalistes.