Après dix ans de carrière haute en couleurs, Mona de Grenoble fait une percée remarquée. En plus d’être chroniqueuse à l’émission Le fabuleux printemps de Marie-Lyne sur les ondes de Noovo, elle fait quelques premières parties pour les humoristes Mike Ward et Thomas Levac, et s’apprête à présenter soixante minutes de matériel en solo au ZooFest.
As-tu toujours souhaité faire de la télévision?
Mona de Grenoble : J’avais un million de rêves quand j’étais jeune. Au primaire, je voulais devenir humoriste. Au secondaire, comédien. Au cégep, j’ai songé à faire de la télé, alors j’ai voulu étudier en communications. Finalement, je me suis dit : « Fuck off! Je vais devenir drag queen! » En fin de compte, mes dix années de drag m’ont amenée à l’humour et à la télé. Je coche plein de choses sur ma check list.
Quel est le concept de tes chroniques?
Mona de Grenoble : Puisque le but de l’émission est de passer du printemps à l’été de la façon la plus smooth possible, je vais chez les invité.e.s pour faire les tâches de ménage du printemps qu’ils ne veulent pas faire. J’ai fait du ménage dans le sous-sol chez Varda, changé les pneus sur la voiture de Chantal Lamarre, fait du jardinage et du terrassement. Au début, je devais faire une ou deux apparitions, mais l’équipe a aimé mon travail et m’a réengagée. Ça représente beaucoup pour moi en début de carrière.
Dirais-tu malgré tout que le stand up est au cœur de ta pratique?
Mona de Grenoble : Ce l’est de manière undercover depuis longtemps. Mes numéros de lip sync sont toujours à saveur comique et un peu étrange. L’animation de shows de drag implique du travail de foule et de l’improvisation. Avec le temps, j’ai identifié les blagues très fortes que je ramène à l’occasion. La drag m’a permis de faire mes classes en humour et c’est rendu la principale chose qui me fait vivre.
Tu vas présenter Mes premières chaleurs au Zoofest en juillet. De quoi parleras-tu?
Mona de Grenoble : Je vais présenter Mona et parler de drag, de ma découverte de l’homosexualité, de mon coming out et de ma vie sexuelle. Peu d’humoristes peuvent jouer dans le terrain de l’identité de genre, de l’orientation sexuelle et de la drag. C’est assez nouveau dans l’humour québécois.
Comment as-tu débuté la drag?
Mona de Grenoble : on amie Virginie Chauvette, avec qui j’écris de l’humour en ce moment, a commencé à faire de la drag en 2010. On se tient ensemble depuis qu’on a treize ans. Je suis allée la voir en show avec un ami d’impro. On a tripé et on s’est inscrit à Drag moi.
Qui est Mona?
Mona de Grenoble : Dans le temps, Mona était une matante aigre et vilaine, mais j’ai appris à doser un peu pour en faire une matante de party, bonne vivante et rassembleuse. Avant, j’étais laide par exprès. Le maquillage a toujours été le cadet de mes soucis. Je portais des vidanges et je m’en foutais. Par contre, les gens ont fini par se tanner. Ils avaient fait le tour de la vieille laide. Un jour, j’ai pris ma retraite de la drag pour me ressourcer, payer mes dettes et essayer l’université. Ça m’a vite manqué. Je suis revenue. J’ai commencé à animer des shows et à sentir une confiance de plus en plus grande. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à réinvestir l’argent qui rentrait dans la drag et qu’est apparue la quintessential Mona.
Le 2 juillet, tu vas présenter un numéro d’humour au Festival d’humour émergent (FHE) de Rouyn-Noranda. Puis, tu vas animer un show de drag plus classique au Festival d’humour de l’Abitibi-Témiscamingue à Val-d’Or, le 7 juillet. Il y a quelques années, pensais-tu que les drags iraient dans des événements en régions?
Mona de Grenoble : Ça arrivait qu’on jouait en région avec Mado et c’était toujours le party, mais d’en avoir autant, non. L’hiver dernier, après un show de drag à Val d’Or, le serveur au bar le Prospecteur est venu me parler en me disant qu’il faisait de la drag comme Lady Frencheuse. J’étais comme : wow! C’est tellement important d’alimenter la scène queer en région. Il n’y a même pas cinq ans, dans nos têtes, la culture queer n’existait pas en-dehors de Montréal et de Québec. Je trouve ça malade!
Quelles sont tes ambitions?
Mona de Grenoble : J’aimerais faire de la radio, participer à une émission de télé crunchy de fin de soirée, animer un gala d’humour et, bien sûr, présenter un one drag show en tournée à travers le Québec. Pour l’instant, je crée du matériel : en ajoutant une demi-heure aux soixante minutes que je vais présenter à Zoofest, je veux faire une petite tournée dans les cabarets à travers la province pour voir si une drag en humour vend bien. Par la suite, je voudrais un vrai gros show.
Te verrais-tu faire de la scène sans ton personnage?
Mona de Grenoble : J’y pense. Ce serait l’fun de faire un show en drag et en gars. Cela dit, quand tu fais de la comédie d’insulte, le monde ne tripe pas à se faire insulter par un tit-gars qui a l’air de rien. Ils sont beaucoup plus réceptifs quand ça vient d’un monsieur en robe et en boisson. Mona est un véhicule qui me permet d’aller plus loin. Un jour, quand elle sera assez ancrée comme personnage et que les gens vont comprendre ce qu’il y a en-dessous, je vais jouer en gars aussi.
INFOS | Mona de Grenoble participe au ZooFest zoofest.com :
Mes premières chaleurs
les 14-19-20 juillet à 20h45 au Théâtre Sainte-Catherine
BITCHFEST
le 18 juillet à 21h30 au Le Studio TD
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