Mercredi, 6 décembre 2023
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    Paper Girls: échapper à son futur

    Auréolée d’un succès critique et populaire, l’adaptation en série télévisée de la bande dessinée Paper Girls était attendue avec impatience, mais également avec une certaine inquiétude. Avec des critiques généralement très positives et malgré des changements notables au récit, le pari se révèle cependant gagné !

    L’intrigue débute le 1er novembre 1988, alors que quatre adolescentes de 12 ans s’activent à livrer des journaux sur leur route respective. Leurs chemins n’auraient normalement pas dû se croiser si ce n’était d’une suite d’événements qui, chemin faisant, les propulsent en 2019 où elles deviennent les enjeux d’un conflit entre deux factions de voyageurs du temps. La première désire modifier le passé afin d’éviter un futur dystopique, alors que la seconde insiste pour le maintenir tel quel, sinon l’intégrité du continuum espace-temps s’en trouvera corrompue.

    L’intérêt de la série se situe dans ses quatre protagonistes aux personnalités fortes et distinctes, pour lesquelles on développe un attachement immédiat. Mac (Sofia Rosinsky) est effrontée et turbulente, Tiffany (Camryn Jones) est la surdouée qui a déjà un plan de carrière défini, KJ (Fina Strazza) est la jeune BCBG et Erin (Riley Lai Nelet), l’introvertie. Leurs origines sociodémographiques sont également très diversifiées : afro et sino-américaine, juive, caucasienne, de la plus pauvre à la plus aisée. Chacune aspire à s’extirper d’un milieu qu’elle juge étouffant et a une vision très claire de ce qu’elle veut être ou, à l’inverse, de ce à quoi elle se jure d’échapper.

    Les voyages temporels vont cependant les confronter à leur alter ego du futur, qui correspond très peu à leurs aspirations. L’une découvre même qu’en 1988, il ne lui reste en fait que quatre ans à vivre ; l’autre que son futur idéalisé n’est finalement qu’illusoire ; une troisième est confrontée à un avenir marqué par la mélancolie et la prostration ; puis une dernière trouve soudainement une réponse au malaise qui l’habite lorsqu’elle découvre son incarnation future en train d’embrasser une autre femme. Une révélation qui l’apaise et la bouleverse à la fois.

    La dynamique des quatre jeunes filles est extrêmement riche et plonge avec beaucoup de nuances dans la vulnérabilité propre à l’adolescence, le passage vers l’âge adulte, la force d’une sororité naissante, tout en abordant des thèmes en lien avec le racisme et l’intolérance. Au-delà de cette trame initiatique, l’action demeure au rendez-vous puisque les adolescentes sont sans cesse pourchassées par des forces opposées, auxquelles elles hésitent à accorder leur confiance. Par ailleurs, pourquoi aucun de leur alter ego n’a-t-il souvenir des événements que les adolescentes vivent présentement ? Qui a changé leur passé et pourquoi ?

    La saison 1 adapte les cinq premiers fascicules des 30 numéros de la BD et plusieurs changements ont été apportés au récit : il aurait cependant été extrêmement couteux d’intégrer les combats de monstres et de robots géants qu’on y dépeignait. Brian K. Vaughan et Cliff Chiang, les auteurs de la BD qui agissent également à titre de producteurs de la série, ont donc décidé de concentrer le scénario sur les relations des quatre jeunes filles. De nouvelles intrigues sont développées, qui donnent lieu à certaines scènes bouleversantes. Et, que l’on se rassure, on assiste quand même à quelques affrontements de Titans.

    Un rythme haletant, entrecoupé de scènes plus introspectives, est habilement ménagé tout au long des épisodes et on ne peut que souligner la très juste utilisation de pièces musicales des années 80 et 90, ainsi qu’une pléiade de références culturelles à ces mêmes périodes. 

    Bien qu’une comparaison avec Stranger Things soit inévitable, il faut la relativiser puisque la publication de la bande dessinée éponyme a précédé cette série d’un an. Au-delà de cette similarité scénaristique plutôt anecdotique, on ne peut qu’insister sur l’aspect rafraichissant d’une intrigue avant tout articulée autour de personnages féminins.

    La saison 1 de Paper Girls est présentée sur Prime Video en anglais et dans un très bon doublage français.

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