Il y a un an, sans peur, sans honte et sans aucune retenue, l’artiste montréalais Yunus Chkirate, littéralement suspendu au-dessus du précipice de l’une des périodes les plus sombres de sa vie, a agrippé sa palette pour créer ce qui deviendra JOURNAL, l’exposition la plus révélatrice à ce jour qu’il nous présentera en octobre prochain.
Dès son plus jeune âge, Yunus Chkirate (Shki-rà-té) démontre un talent naturel pour les arts. Sa mère l’initie d’abord au dessin, à la peinture et au stylisme. Il étudie ensuite le marketing et les sciences sociales, ce qui aiguise ses compétences commerciales et nourrit son appétit créatif. Après avoir fait forte impression en vendant complètement sa première exposition en 2011, Yunus continue à s’épanouir en organisant des expositions annuelles. Ses présentations, souvent théâtrales, s’agrémentent de spectacles vivants, de présentations de films ou de danse.
Avec les ans, Yunus Chkirate est devenu un portraitiste recherché, avec une liste croissante de collectionneurs du monde entier. Ses peintures ont été exposées au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Italie. Sa nouvelle notoriété l’a poussé au cours des dernières années à s’engager plus visiblement dans sa communauté. Il a développé une plateforme philanthropique qui lui a permis de sensibiliser les gens et de recueillir des fonds pour des groupes desservant les communautés LGBTQIA2+ de Montréal, dont l’organisme RÉZO.
Cette fois, Chkirate nous invite à entrer dans son univers privé à travers une fenêtre secrète où il dévoile les expériences les plus intimes d’une vie qui, souvent, n’est pas aussi rose qu’elle le semble. Comme il le dit lui-même, «vivre avec ses problèmes peut être difficile, mais être honnête à leur sujet est toujours gratifiant».
«Une grande partie de mon travail a été autobiographique et intuitive», explique Yunus Chkirate. «À partir de quoi devrais-je créer ? À partir de tout. Aucune limite. Je dois parler de calme, de validation et de sexualité. J’ai besoin d’être sincère dans mes œuvres, car j’observe et je fixe le moment présent sur la toile. »
Si l’exposition JOURNAL se concentre sur un individu, elle examine à plus grande échelle les multiples facettes de notre conscience collective. Le syndrome de l’imposteur, soigneusement caché, généralement occulté dans la représentation qu’on fait de soi au quotidien sur les réseaux sociaux, alors que nous nous camouflons en personnes prospères, intrépides, jeunes et belles. Que faisons-nous vraiment lorsque nous jonglons avec ce récit de « petits mensonges», parfaitement présenté dans des images filtrées sur Instagram et, plus important encore, pourquoi le faisons-nous ?
«En septembre 2021, j’étais en quête d’authenticité. J’avais soif de vérité. Je ne voulais pas que tout soit trop organisé ni trop calculé. C’est là, au travers de mon écriture, que mes autoportraits ont pris naissance. J’avais besoin de me redécouvrir. »
JOURNAL met de l’avant l’artiste sous sa forme la plus authentique, présentant avec audace les obstacles passés et la façon dont il les a surmontés: une peinture et une sculpture à la fois. Bien qu’il soit habituellement reconnu pour choisir des titres dramatiques à ses œuvres, Chkirate a choisi cette fois de simplement les appeler par un numéro, les transformant en une chaîne de pensées capturées sur toile. «Avec cette série, il n’y a pas de masque», poursuit l’artiste. «Il n’y a que moi. Ces tableaux sont authentiques et sont une grande partie de qui je suis. C’est pourquoi chaque tableau est simplement intitulé Journal Entry. Je veux que le spectateur ait sa propre interprétation de l’œuvre sans l’influence d’un titre que j’aurais choisi.»
Les peintures figuratives de l’exposition sont chargées d’émotions, vibrantes, palpitantes et dégoulinantes d’épais empâtements. L’abstraction, persistante chez Chkirate, est proéminente et forte. «Dans ces nouvelles œuvres, j’en ai profité pour explorer différents styles techniques», explique l’artiste. «Chaque œuvre est réalisée de manière unique conformément à la technique de la spatule ou du pinceau fin, que ce soit dans le figuratif ou dans l’abstrait. Chaque portrait est une représentation visuelle d’un extrait de mon journal. Derrière chaque toile se cache un texte qui a inspiré sa création.»
Quant aux sculptures en acier galvanisé de grande taille qu’on pourra voir lors de l’expo JOURNAL, elles sont tissées à la main. Elles sont conçues pour être exposées suspendues ou sur piédestal, et sont des versions 3D du style de peinture de Chkirate.
Tout comme la musique et la danse, les œuvres qui résonnent réellement sont celles qui proviennent d’un lieu authentique. «J’avais besoin de créer sur l’empathie, sur la réduction des attentes», poursuit l’artiste. «Parfois, c’est sur le fait de ne pas être à la hauteur et de ne pas être adéquat. J’ai besoin de créer sur la dépression, l’engagement et l’amour. J’ai la conscience de soi nécessaire pour analyser tous ces facteurs et la résilience pour en tirer des leçons et pour m’épanouir…»
«Je souhaite que le spectateur s’identifie aux œuvres et se pose des questions. Mais en plus, je veux que les œuvres soient simplement une représentation de ma vie telle qu’elle est. Parfois, ce n’est pas la vie en rose. Les expériences sont souvent incroyables et, comme la vie, l’amour est compliqué… Mais je finis toujours par sourire.»
INFOS | Exposition Journal
Du 5 au 9 octobre 2022, au 998 rue Notre Dame, Lachine, Qc, H8S 2B9
Soirée d’ouverture : 5 octobre 2022, 18 à 21 h (performance à 19 h )
L’exposition se poursuivra du 6 au 9 octobre 2022, de 12 à 20 h
Site web : yunuschkirate.com