Il s’appelle Denys, il est ukrainien. À 17 ans, il a fui la guerre pour se réfugier en Italie, où habite sa grand-mère. Et il pense en permanence à Dmitri, son petit ami russe de 19 ans.
Ce court-métrage italien intitulé Borderless (Sans frontières), produit par la société REA Film, a été réalisé par Nicolas Morganti Patrignani, sur un scénario du pianiste et compositeur Rosario Gorgone, également producteur. Il utilise en fond de nombreuses images d’actualité sur la destruction des villes, en particulier Kharkiv et Marioupol. Tous les acteurs sont italiens.
Gorgone décrit son œuvre en ces termes : «Une histoire d’amour impossible entre un soldat russe – qui déserte dès qu’il apprend qu’il va être envoyé en Ukraine – et un jeune Ukrainien dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne actuelle.»
«Notre court-métrage gai dépeint la moins courante de toutes les tragédies qui ont lieu en temps de guerre. L’amour entre deux garçons écrasés par l’oppression du pouvoir, par la régression de la politique vers la violence brute contre des civils désarmés.»
Un tollé en Ukraine
Le compositeur déclare que «l’amour n’a pas de frontières, comme la musique» et dit attendre «les réactions avec impatience».
Mais en Ukraine, son projet a suscité pléthore de réactions, guère positives. Plusieurs jugent le court-métrage «scandaleux». Pas tant à cause de l’amour entre deux homme, mais parce qu’il montre un amour entre «agresseur» et «agressé». Le moins qu’on puisse dire est que ces «images d’une relation amoureuse entre un Ukrainien et un militaire russe»ont provoqué un tollé chez les internautes ukrainiens.
«C’est une horrible humiliation», s’insurge la jeune actrice ukrainienne Yelyzaveta Tsilyk.
«Idée magnifique, Rosario, ironise un internaute, j’ai un scénario pour ton prochain film. Un soldat nazi et un Juif dont il a tué la famille tombent amoureux.»
«Donner une vision romantique de ceux qui tuent, violent des enfants, des femmes et des hommes, idée géniale, n’est-ce pas ? Au lieu de condamner l’homicide de gens innocents, la destruction de leurs maisons et des rêves de leurs enfants, vous préférez vraiment filmer ça ?» s’offusque une certaine Tatiana Stepourko.
Et vous, qu’en pensez-vous?