Le bodyshaming, cancer de notre communauté

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C’est le mois de la Saint-Valentin, certains vont vouloir trouver l’âme sœur. Vous serez peut-être approché par une personne qui n’est pas de votre gout, ce gars sera peut-être rondelet, plus potelé ou ne répondra pas aux « standards » des magazines et des vidéos… Pas besoin de rejeter cette personne-là, pas besoin de la bodyshamer, de la ridiculiser, car cela peut faire très mal. Aimeriez-vous vous retrouver dans cette situation-là ?

On peut simplement lui dire qu’il n’est pas de votre gout et le remercier pour son intérêt à votre égard. La Saint-Valentin n’est-elle pas la fête de l’amour, de l’acceptation, de l’harmonie ? Vivons en harmonie et dans le respect les un.e.s envers les autres.

Mais pourquoi parler de cette problématique maintenant ? Le 26 décembre dernier, Chris L. Boudreau, le copropriétaire de la boutique Mistr Bear, lançait un véritable cri du cœur sur ce qu’il a vécu. Sur l’intimidation dont il a été victime. Sur le bodyshaming dont il a fait l’objet. Il pensait avoir une carapace solide qu’il s’est bâtie au fil des ans, mais non.

« C’est toujours un coup de batte de baseball dans la face, c’est déplorable », d’avouer Chris L. Boudreau en entrevue alors qu’il est à Puerto Vallarta. « Cela m’a démoli et c’était à Noël. Cela m’a pris trois jours pour m’en remettre. Je n’avais envie que de pleurer. Je comprends que je ne suis pas le genre de tout le monde. Mais on n’a pas besoin d’être méchant. C’est un cancer qui ronge notre société et notre communauté en ce moment.

Des fois, j’ai honte de faire partie de cette communauté-là. Je devrais être bien partout [dans les lieux LGBTQ+], mais ce n’est pas le cas. […] Je connais des gens qui se sont suicidés à cause du bodyshaming. […] » 

« Ce cancer est en train de tuer notre communauté », de poursuivre Chris L. Boudreau. « Déjà la personne doit lutter pour s’assumer et se faire accepter [en tant que LGBTQ+] et, en plus, elle devient la victime de méchanceté, d’intimidation, etc. dans sa propre communauté. C’est quoi le but ? C’est de détruire l’autre personne ? Pourquoi juger le corps de quelqu’un ? Pourquoi la diminuer et la faire souffrir ? […] Il y a l’âgisme aussi qui est un autre fléau, un autre cancer dans notre communauté. Ça aussi, on n’en parle pas assez, malheureusement. […] Si tu es obligé de descendre les autres pour te remonter toi-même, il y a un problème, un gros problème dans notre communauté. […] On nous parle tellement d’inclusion, mais c’est de l’hypocrisie, nous ne sommes pas inclusifs les uns envers
les autres. […]» 

« On fait beaucoup pour [l’acceptation] des personnes trans, des non genrés, des non binaires, pour qu’il y ait aussi de l’ouverture dans la société, et c’est bien de le faire, mais on a encore un “maudit” problème avec l’acceptation du corps de l’autre. Mais on ne sait pas ce que l’autre vit en ce moment, s’il se fait déjà intimider, rejeter, bodyshamer. Cette personne vit peut-être des moments difficiles dans sa vie, peut-être qu’elle vit une séparation, qu’elle est en dépression, etc. On va peut-être la pousser au suicide avec des paroles blessantes, etc., et il y en a eus [des suicides], j’en connais personnellement. On pense que ça ne fait pas de mal, mais oui, ça fait mal, ça fait même très mal […] », continue-t-il. Chris L. Boudreau s’aperçoit que ça empire constamment depuis quelques années. Le phénomène du bodyshaming a augmenté. Avant, on passait son tour et cela s’arrêtait là. Mais à présent, la personne qui fait une approche est souvent ridiculisée si elle ne répond pas à tes aspirations. La « grossophobie » est de plus en plus présente sur les applications de rencontres, par exemple. « Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que ça tue une personne, elle remue ça constamment dans sa tête. Pas besoin d’être blessant si la personne ne te plait pas.
Il faut être respectueux », affirme-t-il. Et oui, en effet, le bon sens, tout simplement…

« C’est pour cela aussi qu’on a ouvert la boutique Mistr Bear, pour que les gens se sentent à l’aise. La boutique est comme un safe space pour ces personnes, pour qu’elles sentent qu’elles ont une place, qu’elles ne seront pas jugées en raison de leur corps et qu’elles seront accueillies et respectées. Certains vont se sentir heureux et sexy pour la première fois de leur vie parce que ces vêtements sont à leur taille. Elles se sentiront à l’aise dans ces vêtements-là, elles n’auront pas honte, on ne va pas leur faire sentir que ce n’est pas pour ces personnes-là qui sont plus rondelettes, etc. Quand tu vas dans un buffet, il y a de tout. On peut gouter de tout ou on peut aller vers les plats qui sont à notre gout. Alors, pourquoi rejeter les personnes parce qu’elles ne sont pas de notre gout ? On doit réfléchir aux gestes que l’on pose parce que ceux-ci ont des conséquences », de conclure Chris L. Boudreau. 

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