Samedi, 7 décembre 2024
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    Le couple porte-parole de la JVL Journée de visibilité lesbienne 2023

    Le 22 avril prochain, le Bain Mathieu sera l’hôte de la Journée de visibilité lesbienne, organisée par le Réseau des lesbiennes du Québec. Pour l’occasion, plusieurs prix et activités auront lieu afin de mettre de l’avant les femmes de la diversité sexuelle et leurs initiatives. Cette année, les porte-paroles qui prêtent leur voix à cette journée sont le couple formé de Geneviève Labelle et Mélodie Noël Rousseau, deux artistes et comédiennes de respectivement 31 et 37 ans, ayant notamment rayonné cette année sur les planches avec leur pièce Ciseaux, ainsi que dans la peau de leurs alter ego, Rock Bière et RV métal. Entrevue avec le couple.


    Comment avez-vous réagi lorsque le RLQ vous a approchées pour être les porte-paroles de la JVL ?
    Geneviève : Vraiment touchée de pouvoir défendre ce mouvement-là. Pour nous, c’est vraiment important.

    Mélodie : Oui et on rencontre de plus en plus de petites communautés de lesbiennes, donc c’est vraiment le fun d’aller à la rencontre des communautés queers de Montréal.

    C’est la première fois d’ailleurs qu’on a un couple de porte-paroles pour l’évènement. Vous conjuguez plusieurs aspects de votre vie personnelle et professionnelle (que ce soit sur la scène, en drag king ou encore avec votre café Reine Garçon) et vous vous affichez d’emblée en tant que couple, donc en ce sens, il y a une certaine saveur politique.
    Mélodie : On trouvait que ça allait de soi, on fait tellement tout ensemble ! Ça fait longtemps qu’on a décidé que c’était public notre relation. Depuis Ciseaux, plusieurs sont au courant que nous sommes un couple. D’avoir mis de l’avant notre couple dans une pièce de théâtre, comme tu dis, c’est politique.

    Geneviève : Au début, quand on a ouvert le café Reine Garçon, on ne voulait pas que les gens sachent, on avait tellement peur. Je te dirais, Geneviève en 2016 ne voulait pas être ouvertement gouine, parce que j’avais peur de ne pas me faire caster dans des rôles d’hétéros.

    Et au café, on avait peur que le voisinage soit mal à l’aise avec ça, que ce soit avec les
    partenaires d’affaires, ou d’avoir du vandalisme, bien qu’on n’en ait jamais eu.

    Mélodie : C’est fou dans la vie comment les gens qui sont assumés à 100 % sont plus « charismatiques »… Je pense que l’honnêteté et la confiance en eux font qu’ils rayonnent plus et apportent plus. Nous sommes plus occupées, depuis que nous sommes assumées. Aussi, il y a une belle clientèle queer qui s’est développée autour de ça. Aussi, quand on a aussi la communauté drag de Montréal, il y a comme eu quelque chose qui est devenu politique en nous. On a réalisé que : aïe, il y a de la misogynie sous-jacente, alors on va faire notre place dans cette communauté-là, parce que ce n’est pas vrai que c’est égal. Et c’était important de le nommer, en tant que femme lesbienne dans cet art-là.

    Mélodie Noel Rousseau — crédit photo : Katya Konioukhova

    Malgré la primauté chronologique du L dans l’acronyme LGBTQIA2S, on a parfois l’impression qu’il est moins visible. Selon vous, où nous reste-t-il du travail à faire, quelles sont les luttes à mener, ici comme ailleurs, pour la visibilité lesbienne ?
    Mélodie : C’est tellement beau la campagne Nommer, c’est visibiliser. Même nous, d’être à l’aise avec ce mot-là lesbienne. De le nommer. Et ça fait longtemps qu’on parle de ça, dans les pièces qu’on lit, qu’on dépoussière… C’est sûr que c’est plus accepté et moins difficile aujourd’hui. Et l’intersectionnalité, dans le féminisme et dans le lesbianisme aussi, je pense que c’est important d’intégrer le plus possible les gens, les personnes racisées et les femmes trans lesbiennes, dans notre communauté, de les accueillir à bras ouverts, c’est important. Je ne pense pas que ce combat-là est atteint.

    Est-ce qu’il y a un problème avec le mot « lesbienne » ? Pourquoi avons-nous tant de difficulté à nous nommer et à exister ?
    Mélodie : Mettons que je ne parle pas du passé, mais 2023 c’est l’année où on ose dire le mot « lesbienne ». Si on veut s’identifier comme homosexuelle, ou gaie, on peut le faire, bien sûr, tant mieux, tu te nommes comme tu veux, mais si tu te considères lesbienne, ose le porter, fièrement.

    Geneviève : Pis rendons ça à la mode !

    Il y a toujours des gens qui vont dire : « Oui, mais pourquoi encore avoir une Journée de visibilité lesbienne en 2023 ? Il n’y a pas de Journée hétéro!.. » Que leur répondez-vous ?
    Geneviève : Toi, quand tu tiens la main de ton chum, te fais-tu klaxonner dans la rue ? Est-ce que toi quand tu frenches dans un club, est-ce que tu viens te faire grinder par en arrière ? Je ne penserais pas ! Sérieusement, c’est loin d’être atteint l’égalité. Il faut que ça fasse partie de la norme de voir deux femmes se tenir la main.

    Mélodie : Il y a encore du chemin à faire. Et je le mentionne souvent, et je ne veux pas du tout leur taper dessus, mais moi qui me considérais dans une famille aimante, ouverte et heureuse, j’ai touché à de la lesbophobie, et je me disais : « Oh mon dieu dans ce milieu tellement aimant il y a de l’incompréhension, de l’inconfort… ». Alors, imaginez dans d’autres milieux où c’est plus difficile, ça met le tout en perspective. Et je me dis que si justement j’ai ce confort-là de pouvoir mener cette bataille-là, c’est important de le nommer au quotidien et de rassembler les gens.

    Geneviève Labelle — crédit photo : Katya Konioukhova

    Justement, vous avez brillé cette année, notamment dans Ciseaux, mais également avec vos alter ego, Rock Bière et RV Metal, qui ont performé sur la grande scène de Fierté Montréal.
    Geneviève : Ce qui est vraiment cool de ce spectacle, c’est que c’est nous qui avons assumé la direction artistique. Et c’est ce qui est fort de notre présence comme drag king, on est
    peut-être plus conscientes que d’autres de l’importance de la diversité.

    Mélodie : Et Ciseaux, on en entend encore parler, c’est le fun et la pièce part en tournée ! On va jouer au Carrefour international de théâtre de Québec et en Abitibi, en mai. Fierté Montréal nous courtise pour cet été. Nous avons même une invitation en Belgique ! Ciseaux, à travers les rencontres et ce qu’on a appris, le bagage avec lequel on est ressorties, c’est le plus beau cadeau qu’on pouvait se faire en tant que lesbiennes montréalaises.

    Geneviève : Une grande réussite de Ciseaux, c’est qu’on a réussi à illustrer la joie queer, de switcher un peu la tendance où toutes les œuvres lesbiennes finissent par un drame ou une séparation. Nous sommes très fières, car on a tellement pleuré à travers le processus qui a été émotionnellement challengeant, pour produire quelque chose de positif. Justement, votre travail est inspirant, notamment pour les jeunes créatrices femmes LGBTQ+. Quel serait votre conseil ?

    Mélodie : Aller à la rencontre des gens, surtout quand tu as peur. En tant que personne qui s’identifie comme femme lesbienne aujourd’hui, on évolue vers le non binaire et le queer, et c’était intéressant pour nous d’aller à la rencontre de ces identités-là et de voir comment ça se répondait et quels sont les liens entre nous.

    Et un conseil pour celles qui hésitent encore à se rendre à la JVL par peur de s’afficher ?
    Geneviève : Ce qui est drôle c’est que c’est deux hommes Rock Bière et RV Métal qui vont animer le party, c’est quand même une twist le fun !

    Mélodie : Moi, je me suis sentie bien dans mon identité et dans ce que je suis entièrement quand j’ai commencé à fréquenter les communautés LGBTQ+. Justement de prendre part à ces évènements où l’on se sent représentées, où l’on rencontre des gens comme nous, qui vivent les mêmes défis, ça rassemble, ça crée des liens forts.


    INFOS | Pour plus d’informations sur la Journée de visibilité lesbienne et la campagne Nommer, c’est exister, visitez le site Web du Réseau des lesbiennes du Québec.

    https://rlq-qln.ca et la page de la JVL : www.visibilitelesbienne.ca

    Pour plus d’informations sur les prochains spectacles et créations de Mélodie et Geneviève, visitez leur site Web Pleurer dans’ douche : www.pleurerdansdouche.com

    #nommerpourexister

    LIRE AUSSI : La JVL 2023 : Journée de visibilité lesbienne

    OÙ SONT LES LESBIENNES par Julie Vaillancourt : Archives Lesbiennes : tomes 1 et 2

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