Lors de la 76e édition des Tony Awards deux artistes non-binaires ont remporté les honneurs.
Dimanche 11 juin avait lieu la 76 ème édition des Tony Awards, qui récompense chaque année celles et ceux qui font le théâtre à New York. Pour cette nouvelle cérémonie, qui a lieu en plein milieu du mois des fiertés, la communauté LGBTQI+ a plus que jamais été récompensée dans les lauréats de la soirée.
Une soirée historique donc, puisqu’elle couronne pour la toute première fois des comédien·nes non-binaires. Alex Newell (Glee…) d’abord, pour son rôle de Lulu dans la comédie musicale Shucked, qui a tenu à remercier ainsi l’équipe de la pièce : « Vous êtes mes piliers, je vous aime tous. Brodway, merci de me voir. En tant que personne queer, non-binaire, grosse et noire venant tout droit du Massachusetts, je ne devrais pas être là. Donc, pour tous ceux qui pensent qu’ils ne peuvent pas y arriver, je vais vous regarder droit dans les yeux : vous pouvez faire tout ce que vous voulez ».
Pour son rôle de Jerry/Daphné, joué par Jack Lemmon dans le film de Billy Wilder dans une nouvelle adaptation de Certains l’aiment chaud, J. Harrison Ghee a aussi été récompensé. « Ma mère m’a élevé en me faisant comprendre que les talents que Dieu m’avait donné à la naissance ne me concernait pas uniquement. Ce prix est pour toutes les personnes trans, non-binaires, aux genres non-conformes, à qui on a dit qu’elles ne pouvaient pas exister, pas être vues. Certaines l’aiment chaud, et c’est pas plus mal ! », finit-il son discours, rentrant ainsi dans l’Histoire. Tous deux ont choisis de concourir dans les catégories masculines d’acteur et d’acteur secondaires, en adéquation avec les personnages pour lesquels ils étaient nommés.
Le comédien gay Brandon Uranowitz, en couple avec l’acteur Zachary Prince, a quant lui gagné pour son rôle dans la pièce de Sir Tom Stoppard, Leopoldstadt, une fresque familiale juive sur fond de montée de l’antisémitisme repartie avec les Tony de la Meilleure Pièce et de la Meilleure Mise en Scène.
Michael Arden, metteur en scène récompensé pour sa reprise de la comédie musicale Parade datant de 1998, qui aborde les discriminations antisémites qu’a subies le juif américain Léo Frank.
Sur scène, le trophée à la main, Arden s’est lancé dans un discours engagé : « Paraderaconte l’histoire d’une vie qui a été écourtée par la conviction qu’un groupe de personnes a plus ou moins de valeur qu’un autre et qu’ils pourraient être plus dignes de justice. C’est une croyance qui est au cœur de l’antisémitisme, de la suprématie blanche, de l’homophobie, de la transphobie et de l’intolérance en tout genre. Nous devons nous unir. Nous devons lutter contre cela. C’est tellement, tellement important, sinon nous sommes condamnés à répéter les horreurs de notre histoire ».
Un moment fort qui, sous les applaudissements de l’acteur principal de sa pièce Ben Platt, s’est soldé sur une punchline mémorable du metteur en scène : « En grandissant j’ai été insulté de fif (Faggot) plus que je ne peux me le rappeler. Aujourd’hui tout ce que je peux dire c’est que je suis un fif (Faggot) avec un Tony ! », déclare t-il.
Le discours a été censuré à la télévision pour l’utilisation du terme faggot considéré dérogatoire par la station. Michael Arden a tout de même tenu à le répéter quelques instants après en conférence de presse.