Dimanche, 6 octobre 2024
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    Une expo unique en son genre au Musée de la civilisation de Québec

    L’exposition n’est pas seulement unique par le thème choisi, elle l’est parce que pour la première fois une grande institution a choisi de parler de la diversité humaine. Il faut saluer les personnes responsables du Musée de la civilisation de Québec d’avoir mené à bien le projet Unique en son genre qui était sur la table à dessin dès 2018. Alors tout ce que vous voulez savoir sur l’identité de genre, l’expression de genre, l’orientation sexuelle, la non-binarité, les rôles sociaux, se trouve dans cette grande exposition qui met en avant la capacité du public à comprendre les enjeux liés à ces questions. L’inauguration a eu lieu le 1er juin dernier et l’exposition sera présentée jusqu’au 14 avril 2024. Suffisamment de temps pour en trouver et franchir les portes du Musée.

    Comme le rappelle Caroline Lantagne, chargée de projet de l’exposition, au sujet de la vocation du Musée de la civilisation : « Le Musée est vraiment branché sur les réalités d’aujourd’hui et qui parlent de nos réalités actuelles, du territoire, de la culture, explique-t-elle, en fait d’aborder des thématiques sociales et des enjeux de société. Le MCQ a toujours placé l’humain au cœur de sa mission, et nous nous distinguons ainsi des autres musées qui ont souvent une vocation plus historique ». Il était clair alors que le thème de la diversité pouvait y être abordé. Divisée en quatre zones, l’exposition Unique en son genre se veut didactique, accessible, parfois ludique, mais surtout dédramatisante. Le genre — et les questions qu’il suscite — est mis de l’avant, surtout sur le plan de son expression, avec les vêtements qui indiqueraient notre genre, en passant par la lentille de la biologie, puis par la façon dont il a été construit et perçu à travers l’histoire, afin d’en montrer les variations aussi bien dans le temps que dans l’espace. On y aborde aussi la manière dont étaient perçu.e.s celleux qui s’éloignaient des normes et des conventions prescrites par les époques, comme le souligne très justement le titre de la salle de la quatrième zone : « Entre norme et marginalité, il y a des personnes ».

    La question du genre ne fait pas consensus, loin de là, et elle provoque des réactions parfois très négatives, alors comment s’y prendre pour susciter la curiosité et présenter le sujet pour qu’il soit le mieux possible entendu et perçu ? La chargée de projet souligne à ce propos « qu’un comité a travaillé tout au long du processus pour s’assurer de l’information qui serait soumise au public et qu’elle soit la plus rigoureuse possible. En ce sens, nous avons mis sur pied un comité consultatif et un comité scientifique. Et je me suis rendu compte, moi qui suis un peu à l’extérieur, comme personne cisgenre et hétérosexuelle, que tous les sujets abordés ne faisaient pas toujours consensus. Mais c’est bien puisque cela alimentait les réflexions de chacun, nous poussait à aller plus loin. Puis est arrivée Marie-Philippe Phillie Drouin, qui [s’est chargée] de toute la scénarisation ».

    Les personnes faisant partie du comité scientifique sont bien connues de nos communautés et sont somme toute un gage que la meilleure information sera donnée : Annie Pullen Sanfaçon, Elizabeth Diane Labelle, Gabriel James Galantino, Héloïse Martens, Javier Fuentes Bernal, Karine Geoffrion et Mona Greenbaum.

    Mais si enfin la question du genre est devenue un enjeu de société, c’est que des luttes ont été menées au Québec pour l’égalité des droits et une pleine reconnaissance des minorités de la diversité. Le Musée, d’une certaine façon, assume aussi d’une certaine façon sa mission et propose de revisiter, par des témoignages, des photos, des artefacts, des années 60 jusqu’à nos jours, non seulement les combats, mais aussi la façon dont les minorités, malgré un climat peu clément, pouvaient s’amuser et s’épanouir. « Nous avons ainsi travaillé avec les Archives gaies du Québec pour obtenir des artefacts, continue Caroline Lantagne, comme l’immense collerette à plume de Guilda, ou encore des photos de bar de Montréal et de Québec, pour montrer que tout n’est pas d’aujourd’hui, que déjà à l’époque, la norme binaire telle qu’on la connait était [remise en question] même si c’était sur un mode festif. »

    Il ne saurait être question du genre sans faire un arrêt un peu plus long sur les personnes trans et les violences particulières dont elles ont souvent été la cible. Elleux sont les premiers et premières concerné.e.s et sont dans la ligne de mire de tous les conservateurs aujourd’hui, ici comme ailleurs. C’est pourquoi le Musée expose une affiche avec Julie Lemieux en campagne pour une élection municipale, la première personne trans élue au Canada. Élue en 2017, elle a été réélue en 2021. On y présente aussi une copie du projet de loi adopté en 2016, permettant aux jeunes trans de changer la mention de leur sexe auprès du Directeur de l’état civil sans avoir à subir d’intervention chirurgicale. La copie exposée est signée par la ministre de la Justice de l’époque, Stéphanie Vallée. Elle avait été remise à Ollie Pullen, qui, alors âgée de 12 ans, avait témoigné devant les député.e.s de l’Assemblée nationale pour rendre compte des difficultés qu’elle pouvait rencontrer parce qu’elle n’était pas
    reconnue dans le genre qu’elle avait choisi.

     « À la fin de l’exposition, juste avant la sortie, nous avons mis un énorme miroir, ajoute la chargée de projet, pour que chacun.e puisse se voir et, quel que soit son genre, son expression de genre, son orientation sexuelle, puisse se rappeler qu’elle est unique, qu’on est toustes uniques en notre genre, mais que nous sommes toustes partie prenante de la même et belle famille humaine, quelles que soient nos différences. » Un bel appel à plus d’ouverture et de respect de l’autre. Il faut souhaiter que, peu importe qui on est, où on se trouve et quelles sont nos origines et notre histoire, l’expo Unique en son genre devienne un lieu de sortie, un lieu de découverte, un lieu de rencontre… de l’Autre.

    INFOS | Unique en son genre : bienveillance et ouverture pour mieux comprendre
    Musée de la civilisation du Québec / Jusqu’au 24 avril 2024 /
    https://www.MCQ.org 

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