Le 9 septembre 2022, Gisèle Lullaby devenait la reine du Canada en remportant l’édition feuille d’érable de Drag Race. Depuis, la célèbre drag queen de Boucherville a fait le tour du monde et imaginé une tournée solo — au concept époustouflant — qui débutera à la fin de l’été, après sa participation au méga spectacle Drag Superstar.
De quelle façon le titre de Canada’s Next Drag Superstar a changé ta vie ?
Gisèle Lullaby : D’un point de vue professionnel, absolument tout ! Les portes sont ouvertes. Il y a une attention et un vouloir de travailler avec moi. J’ai l’impression que je me suis sous-estimée toute ma vie. Aujourd’hui, j’ai le goût de faire ce métier et de me rendre plus loin. Je vois que mes rêves sont réalisables.
Quelles expériences de drag ont été les plus marquantes cette année ?
Gisèle Lullaby : L’Australie ! Je suis arrivée là-bas en voyant des gens avec des pancartes et j’ai joué dans plusieurs salles de 1000 personnes, alors que je ne connais personne là-bas. On a fait une dizaine de shows à travers le pays ! Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Au Drag Con de Los Angeles, on m’a demandé si je voulais ouvrir le défilé. L’organisation hésitait entre moi et Alaska. Tsé, Alaska ! Comme elle avait un parfum à promouvoir, ça ne me dérangeait pas d’être deuxième. Elle m’a remerciée en me disant qu’elle m’en devait une. Lorsque j’ai rencontré RuPaul, c’était assez extraordinaire. J’ai aussi adoré accompagner la mairesse de Montréal, Valérie Plante, dans une soirée de bal. On a gardé contact. Notre relation est purement amicale. Elle est vraiment très sympathique. C’est une bonne amie.
Où le volet international de l’après Drag Race t’a-t-il menée?
Gisèle Lullaby : En France, j’ai joué au Casino de Paris, là où Josephine Baker a fait ses premiers shows burlesques. Le spectacle était sold out et le public français était vraiment quelque chose ! J’ai développé des liens extrêmement forts avec les drags françaises : Soa de Muse, Paloma et La Big Bertha, ce sont des amies pour la vie. Je suis aussi très proche de LA grande dame, mais j’ai fait plus de tournées avec les trois autres. J’ai aussi rencontré Elips, qui est un pur bijou. Je suis allée en Belgique où j’ai rencontré Mademoiselle Boop et Athéna. J’ai écrit à Drag Couenne pour qu’on se voit, mais on était à trois heures de route ! J’ai aussi joué au Mexique et aux États-Unis à Chicago, New York et Los Angeles.
Sans oublier Londres.
Gisèle Lullaby : Oui, je suis allée là-bas pour un Drag Con. Le Centre des congrès était loin du centre-ville, un peu comme le IKEA de Boucherville. Toutes les queens de Drag Race étaient réunies dans un hôtel super chic tout près. Chaque soir, on faisait le party au bar de l’hôtel avec les Américaines, les Espagnoles, les Britanniques, les Canadiennes, les Françaises et les Hollandaises. On a eu cinq soirs pour connecter et devenir amies.
Comme tu as beaucoup côtoyé les étoiles de Drag Race, est-ce que Drag Superstar est un show de la franchise comme un autre à tes yeux ?
Gisèle Lullaby : Non, car c’est Rita Baga qui prend le lead. Rita est un fruit de la franchise, mais aussi un pilier de la drag au Québec depuis longtemps. Le show est son point de vue sur le meilleur de la drag en ce moment. On a un super beau cast diversifié, avec une majorité de queens de Drag Race, mais aussi beaucoup de drag kings. C’est très excitant !
Comment te sens-tu dans un groupe de grosses vedettes ?
Gisèle Lullaby : Je prends vraiment ma place, surtout que j’ai maintenant le droit d’aller leur parler. Je m’amuse à dire que je suis journaliste d’enquête, parce que j’aime ça découvrir les gens. C’est facile pour moi. Ces drags et moi, on a le même parcours. Il y a une espèce de sororité très forte entre nous.
Participerais-tu à une édition All Winners ou Canada vs the World ?
Gisèle Lullaby : Je ne ferais pas Canada vs the World, mais All Winners, oui, avec plaisir. J’adore le concept qui ne ternit absolument pas la couronne de la personne. C’est un party des meilleures, sans élimination. Et les membres du public ne ressentent pas autant le besoin de faire la guerre pour montrer qui sont leurs favorites.
À la fin aout, tu vas commencer la tournée de ton spectacle solo. À quoi peut-on s’attendre ?
Gisèle Lullaby : J’ai réuni les idées que j’avais accumulées depuis 15 ans. En résumé, j’organise mon propre Meurtre et mystère… en solo ! Je vais jouer tous les personnages en tant que Gisèle Lullaby dans chaque rôle, avec une énergie proche de Marc Labrèche et de l’émission Le cœur a ses raisons.
Quand j’ai présenté l’idée à la boite de production, on m’a dit qu’ils n’avaient jamais vu ça avant ! Je vais mélanger le jeu, l’humour, le lip sync et l’improvisation avec le public. Pour le moment, on lance une tournée avec cinq dates : 31 aout, 1er et 2 septembre 2023 au Casino de Montréal, 19 octobre 2023 au Théâtre Capitole de Québec et 10 novembre 2023 au Casino du Lac-Leamy de Gatineau. On aimerait évidemment le présenter ailleurs au Québec, puis en Europe, où j’ai un trop gros public francophone.
Quels sont tes autres projets ?
Gisèle Lullaby : Dans les semaines à venir, je vais terminer mon règne. Je me sens comme la vieille Suprême qui doit donner sa couronne à une autre. Ça ne me tente pas, mais il va falloir le faire pour encourager la nouvelle génération. J’ai adoré ça ! J’ai voyagé à travers le monde. Heureusement, je suis certaine que ça va se poursuivre par la suite.
INFOS | Drag Superstars, le jeudi 10 aout, de 18 h à 23 h, sur la Scène TD de l’Esplanade du Parc olympique, dans le cadre du festival Fierté Montréal Pride
GISÈLE EN SPECTACLE, les 31 aout, 1er et 2 septembre 2023 au Casino de Montréal, 19 octobre 2023 au Théâtre Capitole de Québec et 10 novembre 2023 au Casino du Lac-Leamy de Gatineau.