Troisième île grecque en superficie, Lesbos n’a pratiquement plus besoin de présentation, du moins pour les lesbiennes qui la considèrent comme un lieu mythique, chef-lieu de la poétesse et musicienne de la Grèce antique Sappho.
Néanmoins, Lesbos est plutôt demeurée vierge sur le plan du tourisme, dans le sens où l’affluence, en plein mois de juillet, est moindre que ses populaires sœurs d’îles, Santorin et Mykonos. Vous pouvez ainsi visiter monuments et plages sans avoir une panoplie de touristes dans vos jambes et dans vos photographies, ce qui est grandement apprécié. Visiter Lesbos, c’est aussi visiter une abondante nature dans une superficie de 1632 km2. Pour cette raison, louer une voiture s’avère nécessaire pour admirer tout ce que l’île peut offrir. Sachez d’emblée que les routes sont très sinueuses, parfois étroites et bordées de précipices et que les Grecques conduisent vite. En ce sens, privilégiez la location de petites voitures si vous comptez sillonner les petits villages de l’île et le littoral et portez une attention particulière à vos préférences de conduite (automatique ou manuelle) au moment de la location (qui est, soit dit en passant, très chère). Pour le reste, la Grèce est plutôt très abordable, que ce soit pour le logement ou pour la nourriture.
Vous aurez le choix d’arriver sur l’île en bateau ou en avion. Pour ma part, je suis arrivée d’Athènes par Aegean Airlines, la compagnie grecque, après un peu moins d’une heure de vol, ce qui nous a permis de profiter au maximum de notre séjour à Lesbos. L’arrivée est dans sa capitale, Mytilène, soit la principale ville de l’île ; si elle vaut le détour pour sa statue de Sappho, son port, ses comptoirs à baklavas, sachez que tout est fermé le dimanche, si vous comptez profiter de l’effervescence de sa rue marchande achalandée. Non loin de la ville, à quelques kilomètres, se trouve le Therma Spa Lesvos / Mytilini Hot Springs. L’eau curative dans laquelle vous profiterez de votre bain commence son chemin vers la surface à une profondeur de 2 500 m depuis les entrailles de la Terre et jaillit à une température de 39,5 degrés Celsius près des emplacements des sources chaudes. D’autres spas, ainsi qu’une plage, se trouvent également à cet emplacement qui offre rafraichissements et massages. Le prix d’entrée est ridiculement bas pour cet endroit magique auquel on attribue des propriétés curatives.



Notre périple de l’île a néanmoins débuté à notre superbe logis, à Méthymne, couramment appelé Molyvos, au Villa Molyvos Castle, un hébergement quatre étoiles situé à moins de 1 km de la plage de Molyvos ou de celle de Petra. L’emplacement propose un bar, un jardin et des hébergements climatisés avec balcon et vue sur la mer. Sans oublier l’incomparable piscine à débordement avec vue sur la mer, qui caractérise l’unicité de cet endroit perché sur la colline. Entre Petra et Molyvos, vous avez donc l’embarras du choix côté plages : celle de Petra nous a paru beaucoup moins propre, probablement en raison du port non loin de là. Celle de Molyvos est non seulement attrayante, mais possède aussi plusieurs restaurants à proximité, avec de petites boutiques dans ses rues sinueuses en hauteur, menant au Château, qui vaut la peine d’être visité ne serait-ce que pour la vue imprenable qu’il offre sur la mer et la ville.
Faire le tour de l’île et se rendre à la forêt pétrifiée, inscrite au patrimoine des géoparcs de l’UNESCO, vaut le détour, même si la chaleur dans cette zone, comme le côté escarpé des routes, peut représenter un défi pour certain.e.s (c’est notamment pour cette raison que nous ne nous sommes pas rendues au monastère Ipsilou, le plus vieux de l’île, car je doute que la voiture ait tenu le coup dans l’aride montée…). La forêt pétrifiée mérite d’être visitée pour ses troncs d’arbres figés dans le temps, jadis pétrifiés par la lave et fossilisés à la suite d’une éruption volcanique il y a de cela 18 millions d’années ! Mais le spectacle se retrouve tout autant dans le trajet pour s’y rendre : à travers ces routes sinueuses, la beauté des paysages vous sidère, tantôt avec vue sur les terres, tantôt avec vue sur la mer.
Aller à Lesbos sans visiter Skala Eressos, la terre mère de la poétesse Sappho, est pratiquement impensable. Depuis plusieurs décennies, des femmes du monde entier viennent à Skala Eressos pour l’été, attirées par le lieu de naissance de Sappho, la poétesse grecque qui a écrit et chanté son amour pour les femmes. Pour les femmes lesbiennes, le petit village de pêcheurs de Skala Eressos offre la possibilité de se détendre et d’être soi-même. J’aurais pensé que des institutions comme Sappho Travel soient plus accessibles/visibles (leur bâtiment avec l’enseigne principale était à louer au moment de ma visite, bien que l’agence soit toujours ouverte selon leur site Web).


Aussi, j’ai vu quelques lesbiennes ici et là, mais je me doute que l’affluence est plus grande lors des festivals de l’île tels que le Queer Ranch Festival en mai (qui en était à sa deuxième édition cette année), ou encore le plus connu, soit l’International Eressos Women’s Festival : Sappho Women, un festival de 10 jours en septembre et qui célèbre l’amour entre femmes. Unique et préservé, le village balnéaire de Skala Eressos offre une alternative relaxante et adulte à certaines des stations balnéaires les plus connues et les plus chères de Grèce, pour vous permettre ainsi d’avoir exactement le genre de vacances que vous désirez. La plage y est sublime : propre et sans être fréquentée par une foule, elle est faite de sable et de galets et l’eau y est peu profonde. Une autre plage qui vaut le détour — et probablement l’une des plus belles (avec une clientèle plus hétéro) — est celle au sud de Mytilène, Agios Isidoros : sa plage de sable et son eau bleu turquoise en font une destination de choix pour découvrir les splendeurs de la mer Égée (pour une plage encore moins fréquentée, rendez-vous sur la plage de Melinta).
Cette dernière se situe près du village de Plomari, haut lieu de confection de l’Ouzo, boisson nationale grecque. Confectionnée avec de l’anis, nous pourrions la comparer au pastis de nos cousins français. Nous avons eu la chance de visiter la distillerie de Barbayanni (qui fait notamment l’ouzo Aphrodite) active depuis 1860 et dans la famille depuis cinq générations ! La visite est très sympathique et gratuite ! (Oui, vous avez bien lu !) Enfin, peu importe où vous irez en Grèce, il y aura toujours des chats errants sur votre passage, comme pour vous accompagner dans votre périple. Bien sûr, si vous n’êtes jamais allé.e.s en Grèce, ne visiter que Lesbos sans passer par Athènes est à mon sens se priver d’un joyau de la civilisation occidentale. Voir des monuments au sein de l’Acropole, construits plusieurs siècles avant Jésus-Christ, alors que nos routes, nos ponts et nos maisons modernes ne tiennent pas plus d’une centaine d’années, vaut le détour et le coup d’œil ! Ils demeurent la base tangible pour vous initier aux splendeurs de la Grèce. Ensuite, les îles se positionnent un peu comme la cerise sur le sundae. Bon voyage ! Καλό ταξίδι !
PHOTOS DE JULIE VAILLANCOURT