Fils de la présidente des États-Unis, Alex Claremont-Diaz se voit contraint d’assister aux célébrations d’un mariage royal en Angleterre. Son agacement tient en ce qu’il devra faire des courbettes devant le prince Henry qui a le don de l’exaspérer. Noyant son irritation dans l’alcool, il provoque une catastrophe impliquant l’écroulement d’une pièce montée sur lui-même ainsi que sur l’objet de son déplaisir, changeant leurs destins à jamais.
Pour calmer les esprits, les deux hommes sont amenés à se fréquenter afin de simuler une « virile amitié ». Contre toute attente, ils se découvrent des points communs et amorcent même une correspondance assidue. Au détour d’une célébration du Nouvel An, c’est au tour d’Henry de prendre un verre de trop et d’embrasser passionnément son homologue américain.
Alex réalise qu’il n’est pas insensible aux charmes d’Henry et les deux hommes multiplient les occasions officielles de se rencontrer. Ce qui n’est tout d’abord qu’un simple exutoire sexuel se transforme rapidement en un sentiment véritable. Un piratage informatique bouleversera les cartes en étalant leurs sentiments sur la place publique, mais l’amour peut-il l’emporter face aux exigences politiques de leurs États respectifs ?
Red, White & Royal Blue (Rouge, blanc et bleu royal, au Québec) prend le temps de bien développer les affres qui agitent ses deux personnages principaux, en particulier le prince Henry qui a le sentiment de n’être que le symbole d’une Nation devant lequel ses désirs et aspirations doivent s’incliner. Le scénario est truffé de réparties fort amusantes et de sous-entendus délicieusement grivois que s’échangent les deux hommes. Nicholas Galitzine et Taylor Zakhar Perez sont particulièrement justes et nuancés dans les rôles d’Henry et d’Alex et le réalisateur Matthew Lopez met bien en évidence la beauté plastique de leur corps, des cils allongés de l’un jusqu’aux lèvres ourlées du second, en passant par le bouillonnement étonnamment crédible de leur passion.
Uma Thurman livre une prestation impeccable, dans le rôle de la présidente, navigant avec adresse entre la politicienne aguerrie et la mère attentionnée, et il serait criminel de ne pas souligner la performance de Sarah Shahi dans le rôle de son adjointe, dont les répliques mordantes ponctuent plusieurs des scènes emblématiques du film (à un Alex récalcitrant à l’idée de rencontrer le Prince, elle s’exclame : « Dès qu’il y a une caméra, tu fais comme si le soleil lui sortait du cul et que tu manquais de vitamine D »).
Les comédies romantiques gaies à grand déploiement ne sont pas monnaie courante et le film se distingue non seulement parce qu’il occupe une rare place dans ce créneau, mais également par la qualité de sa mise en scène et la crédibilité des émotions dépeintes. Le ton navigue allègrement entre l’humour, les enjeux psychologiques et politiques et les scènes passionnelles. Il faut d’ailleurs noter que la sexualité des deux hommes y est dépeinte d’une manière étonnamment plus explicite que ce qui est d’ordinaire associé au genre.
Tirée du pavé éponyme de 421 pages, Amazon Studios a su conserver l’essentiel de l’intrigue d’un roman qui a parfois tendance à s’éparpiller dans de trop nombreuses directions. On peut cependant s’interroger sur la curieuse décision de ne pas révéler l’identité du pirate responsable de la fuite des courriels, alors qu’il s’agit d’un point cathartique de l’intrigue du roman original. Sur une note plus amusante (ça ne s’invente pas), en France le roman et le film portent le titre « français » de : My dear f***king prince !
INFOS | Red, White & Royal Blue (Rouge, blanc et bleu royal, au Québec et My Dear f**king prince, en France) est disponible sur Prime Video en anglais et dans deux excellents doublages français : un réalisé au Québec et l’autre en France.