Des centaines de membres de la communauté LGBTQ du Népal ont défilé jeudi à Katmandou pour une Marche des fiertés dans la capitale de ce pays ouvert aux droits des minorités sexuelles, mais où des difficultés demeurent pour accéder aux pleins droits du mariage.
La Cour suprême a rendu en juin une ordonnance provisoire autorisant tous les couples de même sexe et trans à enregistrer leur mariage, mais deux mois plus tard, aucun n’a pu le faire.
Ainsi, Gurung, femme trans de 41 ans et Surendra Pandey, un homme de 27 ans, déjà mariés selon le rite hindou en 2017, ont été parmi les premiers à signer. Mais le tribunal de district a refusé d’enregistrer leur mariage, se fondant sur son interprétation de l’ordonnance de la Cour suprême. Le couple a déposé un recours auprès de la Haute Cour mais les audiences ont été reportées de plusieurs semaines.
Sans document officiel, le couple se trouve dans un “vide juridique” et ne peut accéder aux droits d’un couple marié comme la propriété commune ou l’adoption.
Ce couple devait ouvrir la voie à d’autres. “Mais l’enregistrement n’est qu’un début. Nous avons besoin de dispositions juridiques permettant à tous les couples d’obtenir des droits qui constituent la norme dans un mariage“, a souligné la militante trans Bhumika Shrestha, 35 ans, qui espère épouser son partenaire depuis plus de quatre ans.
La marche a été programmée pour coïncider avec le festival hindou de Gai Jatra, qui est traditionnellement un moment d’hommage aux personnes mortes récemment. C’était, au temps de la monarchie, l’occasion pour la population de défiler avec des costumes bigarrés faisant la satire des politiciens, sur fond de fanfares.
Le Népal possède certaines des lois les plus progressistes d’Asie du Sud sur l’homosexualité et les droits des trans : réformes anti-discriminations en 2007, introduction d’une troisième catégorie de genre sur les documents de citoyenneté en 2013, en 2015 sur les passeports.
“Nous avons de nombreux droits (…) mais nous devons lutter sur le terrain pour les mettre en oeuvre”, a nuancé Pinky Gurung, responsable de l’association de défense des droits Blue Diamond Society.
Selon elle, plus de 900 000 des 30 millions d’habitants du Népal déclarent appartenir à une minorité sexuelle.