Le 1er octobre a été désigné la Journée internationale des personnes âgées par l’ONU. Une journée qui permet de faire le point sur les droits des personnes âgées depuis la mise en place des principes énoncés pour la première fois en 1991 par les Nations unies. La Fondation Émergence, avec son programme Pour que vieillir soit gai, tient à rappeler qu’il ne faut pas que soient noyées dans cette journée les difficultés spécifiques que peuvent vivre les personnes aînées 2SLGBTQ+ dans les différents milieux qui leur sont consacrés.
Le programme Pour que vieillir soit gai existe depuis plus de 12 ans et offre une formation concernant les réalités des aîné.e.s à tous les intervenant.e.s auprès des aîné.e.s. Comme le rappelle Julien Rougerie, chargé du programme à la Fondation Émergence, il y a encore beaucoup de travail à faire pour contrer les idées reçues, entre autres pour éviter qu’homophobie et transphobie riment avec âgisme.
« C’est une réponse que l’on entend souvent de la part du personnel œuvrant auprès des aîné.e.s, que ces dernièr.e.s ne seraient pas ouvert.e.s à entendre parler d’orientation sexuelle ou d’identité de genre, affirme Julien Rougerie, comme si par définition les plus âgé.e.s seraient automatiquement fermé.e.s à ces problématiques ». Pourtant, au cours des nombreuses formations que le formateur a
données et qui s’adressaient aussi à des aîné.e.s, plusieurs personnes en ont profité pour faire leur coming-out. « Je me souviens dans une résidence pour personnes aînées, une femme s’est levée devant le groupe et a déclaré qu’elle était lesbienne et qu’elle voulait savoir s’il y avait d’autres
lesbiennes dans la résidence, raconte Julien Rougerie. Après un moment d’hésitation, deux autres femmes ont levé la main. » Cette anecdote résume bien comment, pour plusieurs aîné.e.s, vieillir peut ressembler à un retour au placard obligé puisqu’ils et elles se retrouveront dans un environnement qui ne favorise pas leur épanouissement en tant que personnes différentes, ce qui peut être difficile, surtout lorsqu’on a vécu hors du placard la majeure partie de sa vie.
« Il n’y a pas véritablement d’homophobie et de transphobie quand on s’adresse aux intervenant.e.s, de continuer Julien Rougerie, de la gêne parfois qui est souvent due à une très grande méconnaissance des réalités LGBTQ, ce qui se traduit par la nécessité de déconstruire les préjugés et les stéréotypes qui ont encore cours. »
L’orientation sexuelle et l’identité de genre ne disparaissent pas avec l’âge, d’autant qu’elles constituent pour beaucoup toute une expérience de vie qui ne peut être balayée une fois que l’on a recours à tous les services offerts pour les personnes aînées. « En ce sens, les intervenant.e.s ne doivent pas prendre pour acquis que la personne qu’ils et elles reçoivent est automatiquement hétérosexuelle et cisgenre, ajoute Julien Rougerie, alors que l’on fera peut-être plus attention si c’est une personne racisée ou encore sur l’origine sociale. On doit donc être aussi attentifs dans l’accueil et la façon de se comporter pour que les milieux de vie des aîné.e.s soient plus inclusifs et bienveillants. »
Dès les premières années du programme Pour que vieillir soit gai, une charte de la bientraitance envers les personnes aînées LGBTQ a d’ailleurs été rédigée, mentionnant que tous les établissements et organismes qui œuvrent auprès des aîné.e.s peuvent afficher et ainsi signaler que les personnes LGBTQ seront accueillies et entendues sans risque de rejet ou de discrimination. Aujourd’hui, la Fondation Émergence a donné quelque 380 formations qui ont touché plus de 9 100 personnes à travers la province, ce qui est beaucoup, mais encore trop peu. « Ce n’est pas que le réseau des
personnes âgées n’est pas intéressé par la formation, constate Julien Rougerie, mais c’est une question de logistique et d’argent. Pour de petites maisons pour aîné.e.s, cela demande une logistique appropriée pour remplacer le personnel qui suivrait la formation et aussi […] les gestionnaires n’ont pas le budget nécessaire qui permettrait aux employé.e.s de toucher leur salaire alors qu’ils et elles seraient en formation. […] nous n’en sommes pas encore arrivés à ce que cette formation soit fortement recommandée par le ministère responsable des services sociaux. »
La Fondation Émergence continue de développer son expertise sur les réalités que vivent les aîné.e.s de nos communautés, d’où la mise en place du programme Famille choisie qui s’adresse plus spécifiquement aux proches-aidant.e.s. Et l’on peut télécharger sur le site de la Fondation Émergence le rapport : La proche aidance dans les populations 2SLGBTQ+ : état des lieux, qui a tout à voir avec les personnes aînées. « Nous nous tenons au courant des meilleures pratiques qui ont lieu, comme de regarder les initiatives menées dans d’autres pays, commente Julien Rougerie, et d’être aussi attentifs aux études qui sortent sur les aînée.e.s LGBTQ+ »
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