Avec une vidéo sympathique sur YouTube et un communiqué de presse, le GRIS (Groupe de recherche et d’intervention sociale de Montréal) se mettait officiellement en campagne le 29 septembre dernier. L’objectif de cette année est d’atteindre les 375 000 $, soit quelques milliers de dollars de plus que la précédente, car pour la période 2022-2023 le GRIS avait amassé quelque 372 000 $. Cette campagne est très importante puisque cet organisme va porter un message d’ouverture et de tolérance dans les écoles et les institutions avec des bénévoles qui, malheureusement, ont constaté déjà depuis l’an passé des propos homophobes et transphobes chez les jeunes.
Le GRIS a enregistré 1129 ateliers l’année dernière, ce qui se traduit par environ 30 000 jeunes qui ont assisté aux interventions de ce groupe communautaire. « C’est presque un record, c’est la deuxième année où l’on voit autant d’interventions, explique Catherine Duclos, la présidente du conseil d’administration du GRIS-Montréal. Nous sommes très contents, évidemment, mais notre plus grand défi ici est d’avoir des bénévoles formés pour aller dans les classes et parler aux jeunes. Nous devons former plus de bénévoles et la campagne de financement sert justement à ça. »
Pour ceux et celles qui ne connaissent pas le GRIS, eh bien c’est le plus important organisme québécois de démystification de la diversité sexuelle et de genre en milieu scolaire avec, en moyenne, plus de 1000 ateliers de démystification par an et 250 bénévoles (lesbiennes, gais, bisexuel.le.s, pansexuel.le.s, trans ou non binaires de tous âges). Le GRIS compile des données depuis des années et des années sur les opinions des jeunes, un travail essentiel si l’on veut orienter plus efficacement la formation des bénévoles. « Avant et après nos ateliers, nous distribuons des questionnaires aux jeunes en classe, rappelle Catherine Duclos. Cela nous donne un écho important sur les perceptions de ces jeunes. L’an dernier, grâce aux données, on a constaté un recul de l’acceptation dans les écoles. On se doit de faire valoir qu’il y a ce discours haineux auprès des élus. Il y a une montée de ce débat d’opinion. De plus en plus de jeunes pensent que c’est une opinion d’être pour ou contre l’homosexualité et non un préjugé. En même temps, pour nous, on veut donner de l’espoir aux jeunes LGBTQ+, leur dire qu’ils peuvent être fiers de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. »
Pour la troisième année consécutive, ce sera Claude Marchand (président du groupe LCI qui comprend, entre autres, le Collège LaSalle) qui présidera le cabinet de campagne. « Cet ambitieux objectif va nous permettre d’accroître nos interventions en classe, de former [des] bénévoles et de poursuivre nos efforts de développement de la recherche dans le cadre de notre mission », de dire Claude Marchand.
« C’est vrai que c’est un objectif ambitieux, surtout lorsqu’on voit l’augmentation du coût de la vie. Cependant, la somme ne représente même pas la moitié du budget total annuel du GRIS. Chaque don est essentiel pour nous, nous sommes très reconnaissants envers les donateurs et donatrices. Il y a tout un cabinet de campagne renouvelé cette année. Nous sommes très reconnaissants aussi envers les gens qui s’impliquent », d’ajouter Catherine Duclos.
Comment contrer la montée du mouvement anti « théorie du genre » ?
Mais il n’y a pas que dans les écoles où l’on aperçoit un glissement vers un discours moins tolérant. Certains parents font le souhait d’être plus consultés sur ce qu’on enseigne en classe. Le 20 septembre dernier, des dizaines de manifestations dans tout le pays ont rassemblé, d’un côté, des opposants à la « théorie du genre » en éducation et de l’autre, des personnes qui défendaient les droits des personnes LGBTQ+, et ce, y compris à Montréal, devant les bureaux du premier ministre François Legault, au centre-ville.
Ces manifestations étaient menées par le groupe Million March for Children Canada qui
s’oppose, entre autres, à l’éducation sexuelle dans les écoles.
Le GRIS est donc au premier rang puisqu’il se rend dans les écoles et les institutions pour sensibiliser et démystifier et donc faire tomber les idées préconçues.
Mais lorsqu’on voit ces manifestations, est-ce que ce n’est pas inquiétant ? « Oui, c’est inquiétant, mais il y a beaucoup d’incompréhension et de désinformation dans tout ça, souligne Catherine Duclos. C’est justement en discutant que l’on fait reculer les préjugés. Lorsqu’on va dans une école, on ne change pas les orientations ou l’identité des jeunes. Ils sont déjà ce qu’ils sont. Mais on doit faire face aux commentaires homophobes et transphobes. On doit redoubler d’efforts ici. Nous devons être des modèles pour les jeunes LGBTQ+ et leur montrer qu’on est là. Ces manifestations nous donnent un nouveau souffle. En même temps, on se doit d’être mieux outillé dans nos interventions, d’où une meilleure formation de nos bénévoles intervenants. »
« On ne peut s’empêcher de constater cette montée de l’intolérance un peu partout dans le monde, mais en même temps, lorsqu’on regarde nos jeunes, on sent le besoin d’ouvrir leurs horizons de leur semer cet espoir », dit Claude Marchand dans la vidéo en faisant référence à la thématique de la campagne.
« Il y a eu une augmentation des interventions au niveau primaire, poursuit Catherine Duclos. Il y en a eu plus de 200 dans les classes du primaire l’année passée. Nous sommes très heureux de ces ateliers parce que, au secondaire, on désire souvent défaire les préjugés qu’ils ont acquis, alors qu’au primaire les enfants n’en ont pas encore, donc on contribue à les prévenir. »
Heureusement et pour l’instant, chaque année les demandes se renouvellent dans les écoles alors que de nouveaux établissements se rajoutent sur la liste. « Certains milieux nous sont très fidèles et nous invitent d’année en année, alors que de nouvelles écoles font appel à nous. Cette campagne nous permet ainsi non seulement de solliciter des sous, mais aussi de parler du travail de nos bénévoles qui vont discuter de leur expérience auprès des jeunes pour les sensibiliser », de conclure Catherine Duclos.
Peut-être avez-vous du temps à donner au GRIS en tant que bénévole intervenant ? Il faudra bien sûr suivre la formation et être disponible en journée pour vous rendre dans les classes. En attendant, cet organisme nécessite notre aide pour l’appuyer dans sa mission de plus
en plus primordiale par les temps qui courent.
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