La justice sénégalaise a ouvert une enquête après l’exhumation du cadavre d’un homme enterré dans un cimetière avant d’être traîné et brûlé par « des hommes non identifiés ». L’homosexualité présumée semble être le mobile.
La justice sénégalaise a ouvert une enquête après l’exhumation du cadavre d’un homme enterré dans un cimetière avant d’être traîné et brûlé par « des hommes non identifiés » samedi 28 au soir, a annoncé dimanche 29 octobre le procureur de la République, Abasse Yaya Wane.
« Ces actes d’une extrême gravité, relevant de la barbarie, interpellent les autorités et ne peuvent rester impunis. Une enquête est ouverte afin d’identifier les auteurs et engager contre eux des poursuites pénales », écrit le procureur, cité dans un communiqué.
L’autorité judiciaire n’a pas donné de précisions sur la dépouille qui avait été enterrée vendredi au cimetière de Kaolack, à quelque 200km au sud-est de Dakar, mais selon plusieurs médias locaux, son corps a été exhumé car il serait celui d’un homme gay présumé.
Des vidéos relayées sur les réseaux sociaux et des médias locaux montrent une foule de plusieurs centaines de personnes massées dans la nuit dans une rue autour d’un feu. Beaucoup de personnes ont filmé la scène avec leur téléphone portable.
Bien que très rare, l’exhumation d’un corps d’une personne présentée comme “homosexuelle” n’est pas une première au Sénégal. En 2008 et 2009, au moins deux cas avaient été documentés dans le centre et l’ouest du pays. Le romancier sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt 2021, évoque aussi une scène similaire dans son roman De purs hommes.
Au Sénégal, pays musulman à plus de 90 % et très pratiquant, l’homosexualité est largement considérée comme une « déviance ». La loi y réprime d’un emprisonnement d’un à cinq ans les actes dits « contre nature avec un individu de son sexe ».
Des personnes LGBT se plaignent d’une montée des agressions et des propos homophobes ces dernières années. Elles indiquent qu’un certain nombre ont quitté le pays pour échapper aux discriminations.
En 2021 et 2022, des milliers de personnes avaient manifesté à Dakar pour réclamer un renforcement de la répression de l’homosexualité.